
3 300 milliards de dollars supplémentaires. Il s'agit, selon le Bureau budgétaire du Congrès, un organisme chargé d’évaluer l’impact des projets de loi sur les finances publiques américaines, du résultat du «One Big Beautiful Bill Act »(OBBB), la loi fourre-tout de Donald Trump. Elle devrait creuser considérablement le déficit fédéral dans les dix prochaines années. La dette publique américaine s’élève déjà à près de 36 000 milliards de dollars. L’agence de notation Moody’s a tiré la sonnette d’alarme : elle a dégradé la note de la dette américaine mi-mai afin de mettre en garde Washington contre la hausse inévitable de l’endettement du pays.
Le texte que l’on peut traduire par «grande et belle loi» a été voté par la Chambre des représentants américaine jeudi 3 juillet. Il a été adopté par 218 voix contre 214, après avoir été modifié deux jours plus tôt. Il ne manque plus que la signature du président des Etats-Unis qui souhaitait que ce texte capital pour son second mandat soit adopté pour la fête nationale américaine, le 4 juillet.
Des baisses d'impôt au profit des entreprises et des ménages les plus aisés
Le «One Big Beautiful Bill» fait la part belle aux réductions d'impôts. Il pérennise des baisses entrées en vigueur en 2017, lors du premier mandat du président milliardaire et qui expirent à la fin de l’année 2025. Ces réductions d'impôts profitent surtout aux entreprises et aux ménages les plus aisés. Elles pèsent pour 4 500 milliards de dollars. Le projet de loi de Donald Trump prévoit aussi de nouvelles exonérations d'impôts sur les pourboires et les heures supplémentaires jusqu’en 2028. Il s’agit d’une promesse de campagne de l’ex-magnat de l’immobilier. La «grande et belle loi» du président américain multiplie le plafond de déduction des taxes locales et étatiques.
Le Républicain a, en revanche, supprimé plusieurs dispositions fiscales instaurées par son prédécesseur, Joe Biden. Le texte annule les incitations fiscales en faveur des énergies renouvelables et de solutions économes en énergie notamment dans l’éolien. Il met également fin à un crédit d'impôt de 7 500 dollars pour l’achat d’un véhicule électrique dès la fin du mois de septembre au lieu de 2032. Il supprime les aides fédérales pour les projets éoliens et solaires si leur construction n’est pas lancée dans les douze mois suivant l’adoption de la loi ou que leur mise en service n’intervient pas avant 2028. Le OBBB met en place, à l’inverse, un dispositif fiscal avantageux pour le charbon utilisé dans la production d’acier. On l’aura compris, Donald Trump n’est pas un écologiste convaincu. Le texte maintient donc les crédits pour le nucléaire, la géothermie ainsi que le captage du carbone.
Des centaines de milliards de dollars contre l’immigration
En parallèle, à travers ce texte, le président américain réaffirme les grandes lignes de sa politique. Plusieurs centaines de milliards de dollars sont allouées à la lutte contre l’immigration. 46,5 milliards sont consacrés à la poursuite de la construction du mur à la frontière avec le Mexique, 45 milliards à la création de 100 000 places dans les centres de rétention pour migrants, ou encore 30 milliards alloués au recrutement de 10 000 agents supplémentaires de la police fédérale de l’immigration et au renforcement de la police aux frontières. Washington met en ouvre une nouvelle taxe sur les transferts d’argent effectués par les Américains à l’étranger.
L’accent est aussi mis sur la défense avec 25 milliards accordés au développement du «Dôme d’or», le bouclier antimissile présenté par Donald Trump. 10 milliards de dollars sont octroyés au ministère de la Sécurité intérieure pour l’application de la politique migratoire du gouvernement Trump et à ses opérations d’expulsion.
Toutes ces mesures reposent notamment sur des coupes sévères dans le programme public d’assurance santé dont dépendent des millions d’Américains aux faibles revenus, Medicaid, ainsi que dans l’aide alimentaire. Selon le Bureau budgétaire du Congrès (CBO), chargé d’évaluer de manière non partisane l’impact des projets de loi sur les finances publiques, près de 12 millions d’Américains pourraient perdre leur assurance santé d’ici à 2034 et 3 millions l’accès à la principale aide alimentaire du pays.



















