C'est une résurrection inespérée pour les Forges de Tarbes, site de production de corps creux – ensuite envoyés à la société KNDS qui se charge d'y intégrer la charge explosive. Alors que le risque de liquidation judiciaire était de plus en plus pesant en 2021, «nous sommes passés d'une production quasi à l'arrêt en 2022 à pas loin de 60 000 corps d'obus en 2024» se félicite Jérôme Garnache-Creuillot, patron d'Europlasma qui gère les Forges. «En ce moment, précise-t-il, notre rythme est de 2 000 obus par semaine et on a l'ambition à la fin de l'année d'en produire 15 000 par mois».

Les raisons de cette soudaine embellie ? La guerre en Ukraine et la production conséquente de corps d'obus de 155 mm (standard OTAN) destinés à Kiev, détaille BFMTV. Mais aussi la volonté affichée des dirigeants de l'Union européenne de réarmer leurs pays respectifs dans un contexte géopolitique tendu. Aux 80 salariés du site, le seul en France à produire ces obus vides, de doubler le volume de production – objectif d'Europlasma. Un enjeu important pour la France, quand on sait que la Russie est capable de produire «50 000 obus par jour», précise Jérôme Garnache-Creuillot.

Le site manque désormais de main d'œuvre qualifiée

Outre les 155 mm, Europlasma fabrique à Tarbes des obus de calibre 152 mm «standard Pacte de Varsovie» pour équiper des pays de l'Est. Si les obus destinés à l'Ukraine représentent le plus gros de la production, un contrat passé avec la République Tchèque impose d'accélérer la cadence : 50 000 corps d'obus ont été commandés, dont 31 000 à livrer cette année. Pour répondre à la demande, la capacité des Forges pourra être poussée «au maximum à 20 000 obus par jour» selon le PDG, qui précise : «L'idée, c'est de produire aux Forges de Tarbes et demain, d'être en mesure de fabriquer des obus de gros calibre à Valdunes», dans le département du Nord, où Europlasma s'est implanté en 2024.

Ce regain de production expose Europlasma à une double problématique : le manque de main d'œuvre «qualifiée ou très qualifiée» constate Jérôme Garnache-Creuillot, qui dit rechercher des chaudronniers, des forgerons et des soudeurs. Mais aussi le nombre insuffisant de machines et de moules permettant de fabriquer les ogives. «Ce sont surtout les délais de livraison qui sont en cause, souvent doublés en ces temps de forte demande» explique le PDG.