Un pari risqué. Toujours dans le but de réaliser des économies, la ministre des Comptes publics n'a pas écarté l'idée de supprimer l’abattement fiscal de 10 % sur les revenus des retraités, dans une interview accordée au Parisien ce samedi 19 avril. «Je pense, à titre personnel, qu'on ne peut pas indéfiniment mettre à contribution les actifs pour financer les nouvelles dépenses sociales liées au vieillissement», a assuré Amélie de Montchalin, affirmant que «ce n'est pas votre âge qui doit définir votre contribution, mais aussi les moyens dont vous disposez».

Mercredi, sur l’antenne de Franceinfo, le ministre de l’Économie a mis en exergue la différence de contribution entre les Français actifs et retraités. «Jusqu'à 60 ans, on perçoit assez peu de l’État. Dès qu'on dépasse 60 ans, on touche beaucoup plus de l'État, parce qu'on perçoit une retraite et qu'on est plus malade. Et en même temps, on contribue beaucoup moins», a souligné Éric Lombard.

Neuf syndicats dénoncent la «stigmatisation des retraités»

Si cette mesure a reçu le soutien notamment du président du Conseil d'orientation des retraites (COR), l'économiste Gilbert Cette, certains n’ont pas hésité à exprimer leur désapprobation comme le porte-parole du Rassemblement national Thomas Ménagé. Sur France Inter, ce dernier estime qu’elle est une «très mauvaise idée» et avoue être «profondément choqué». «Avant d'aller taper dans la poche des retraités, faisons des économies structurelles», a-t-il lancé. En mars, neuf syndicats ont dénoncé, dans un communiqué, la «stigmatisation des retraités», reprochant au gouvernement de «continuer d'exonérer les très riches d'impôts et de cotisations».

Si cette piste venait à aboutir, les conséquences seraient importantes pour les retraités. Le taux d'imposition pourrait augmenter pour environ 8,4 millions d’entre eux. D’après une simulation du site spécialisé Moneyvox, un retraité célibataire avec un revenu de 1 200 euros par mois ne paierait toujours pas d'impôts en cas de suppression de l'abattement fiscal. Mais un retraité touchant une pension de 1 542 euros devrait payer 272 euros d'impôt.

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