Si vous comptiez changer de smartphone, d’ordinateur ou de console, mieux vaut peut-être ne pas trop tarder. À partir de 2026, les prix de nombreux produits électroniques vont sensiblement grimper. En cause : la flambée du coût de composants clés, en particulier la mémoire vive (RAM) et les systèmes de stockage.

Invisibles pour le consommateur, ces pièces sont pourtant indispensables au fonctionnement de tous nos appareils. Or leur production mondiale est aujourd’hui sous tension, prise en étau entre une demande en forte hausse et une industrie très concentrée, dominée par seulement trois grands acteurs: Samsung Electronics, SK Hynix et Micron Technology.

L’IA d’abord, le grand public après

Derrière la pénurie annoncée, un même moteur : l’intelligence artificielle. Pour entraîner leurs modèles, les géants du numérique - Microsoft, Meta ou OpenAI - construisent à marche forcée des data centers, «des bâtiments remplis de centaines de milliers d’ordinateurs», résume Antoine Limasset, chercheur au CNRS. Ces infrastructures engloutissent des quantités colossales de composants, notamment de mémoire haut débit, indispensable à l’IA.

Et face à ces mastodontes, les fabricants de smartphones ou de consoles partent perdants. «Les acteurs de l’IA sont prêts à payer plus cher et à s’engager sur plusieurs années, ce qui les rend prioritaires aux yeux des fabricants de mémoire», explique le chercheur. Résultat : les lignes de production sont réorientées vers ces usages très rentables. D'ailleurs, Micron a d’ailleurs annoncé le 3 décembre 2025 qu’il mettrait fin à l’activité grand public de sa marque Crucial d’ici février 2026, après près de trente ans sur le marché, pour se concentrer sur les segments liés à l’IA.

Des répercussions concrètes pour les consommateurs

Les marques auront deux options : augmenter leurs prix pour ne pas rogner leurs marges, ou revoir à la baisse les performances de leurs produits. «Le matériel d’entrée de gamme sera le plus menacé car il est plus difficile d’amortir 20 euros d’augmentation sur un petit téléphone qu’un ordinateur haut de gamme», avertit Antoine Limasset. Trop chers à produire, certains modèles pourraient même disparaître des catalogues.

Dans les rayons, la facture pourrait grimper rapidement. CyberPowerPC, Dell, Lenovo, Xiaomi… Déjà plusieurs marques ont annoncé qu’elles ne pourraient pas maintenir leurs prix actuels. «J’attendais 2026 pour changer d’ordinateur, mais là je me demande si ce n’est pas le pire moment», confie Julien, ingénieur à Lyon. «On paye la course à l’IA sans jamais l’avoir demandée.» À court terme, peu d’issues : acheter au plus tôt ou se tourner vers l’occasion. Mais le chercheur reste optimiste : «le prix de la RAM ne grimpera pas indéfiniment car la recherche progresse. On arrivera à faire autant avec moins de ressources», nuance-t-il.