Nouvel épisode dans le bras de fer commercial entre Bruxelles et Pékin. La Chine a annoncé, dimanche 6 juillet, qu’elle allait exclure les entreprises de l’Union européenne (UE) des grosses commandes publiques de matériels médicaux, rapporte Le Monde. Cette décision s’inscrit en réponse à des mesures similaires prises en juin par la Commission européenne à l’encontre des sociétés chinoises. Cette interdiction concerne un large éventail de produits, allant des prothèses aux machines médicales, en passant par les instruments chirurgicaux et les organes artificiels.

«Pour les dispositifs médicaux (…) dont le budget d’achat dépasse 45 millions de yuans [5,3 millions d’euros], la participation des entreprises de l’Union européenne [à l’exclusion des entreprises à capitaux européens implantées en Chine] devra être exclue», a indiqué le ministère des finances chinois dans un communiqué. Par ailleurs, une autre restriction impose que, dans les offres d’entreprises non européennes, les produits provenant de l’UE ne représentent pas plus de 50% de la valeur totale du contrat.

Pékin riposte aux mesures imposées par Bruxelles

Ces restrictions prennent effet immédiatement et font directement écho aux mesures adoptées le 20 juin dernier par Bruxelles, qui interdit aux entreprises chinoises de participer aux commandes publiques européennes de matériel médical supérieures à 5 millions d’euros. La Commission européenne avait justifié cette décision en dénonçant la discrimination dont seraient victimes les produits médicaux européens en Chine.

Dans une déclaration, un porte-parole du ministère chinois du commerce a souligné : «La Chine a exprimé à plusieurs reprises, par le biais du dialogue bilatéral, sa volonté de résoudre de manière appropriée ces différends à travers des consultations, le dialogue et des arrangements bilatéraux dans le domaine des achats publics». Et de poursuivre : «Il est regrettable que, malgré la bonne volonté et la sincérité manifestées par la Chine, la partie européenne ait souhaité persister dans cette voie, en prenant des mesures restrictives et en érigeant de nouvelles barrières protectionnistes. La Chine se voit donc contrainte de prendre des mesures de restriction réciproques

Une concurrence chinoise jugée déloyale

Toutefois, le ministère chinois a précisé que ces mesures de représailles «ne s’appliquent pas aux projets pour lesquels seuls des dispositifs médicaux importés de l’Union européenne peuvent répondre aux besoins d’achat». En outre, les appels d’offres dont l’avis d’attribution ou le résultat ont déjà été rendus publics ne sont également pas concernés. Ces annonces interviennent alors que l’Union européenne et la Chine doivent tenir un sommet à Pékin ce mois-ci pour célébrer le 50e anniversaire de leurs relations diplomatiques. Pourtant, les différends économiques se sont multipliés ces dernières années, touchant des secteurs clés comme les véhicules électriques, l’industrie ferroviaire, ainsi que les énergies renouvelables.

Face à cette concurrence jugée déloyale, l’UE a renforcé ses outils législatifs pour protéger ses entreprises. En avril 2024, elle a lancé une enquête sur l’accès aux marchés publics chinois dans le domaine des dispositifs médicaux, s’appuyant sur un nouveau mécanisme mis en place en 2022. Selon Bruxelles, tandis que les appels d’offres européens sont ouverts à 95% aux entreprises étrangères, les firmes européennes restent largement exclues des marchés publics chinois.