
Banijay Group, société mère de l'opérateur de paris sportifs et de jeux en ligne Betclic, a annoncé ce mardi 28 octobre racheter Tipico Group, leader dans ce même secteur en Allemagne et en Autriche, pour peser sur le marché européen. Betlic est pour sa part leader en France, au Portugal, en Pologne et en Côte d'Ivoire. Dans un secteur qui a le vent en poupée, Betclic et Tipico sont valorisés respectivement à 4,8 et 4,6 milliards d'euros dans le cadre de cet accord, selon un communiqué.
Géant du divertissement dont le siège est à Paris, Banijay Group obtient une «prise de participation majoritaire dans Tipico», à hauteur de 65% du capital à la clôture de l'opération. Lundi, le groupe fondé par Stéphane Courbit a «signé un accord ferme» en ce sens, afin de réunir Betclic et Tipico. Il s'agit de la plus grosse acquisition de l'histoire de Banijay. «Nous créons un vrai champion européen des paris sportifs et des jeux en ligne», a affirmé François Riahi, son directeur général, mardi lors d'une conférence téléphonique.
Banijay vise le sommet du marché européen
Il revendique désormais le rang de «4ème acteur européen le plus important dans le domaine des paris sportifs et des jeux d'argent» et de «leader des paris sportifs en Europe Continentale», c'est-à-dire hors Royaume-Uni et Irlande, en termes de chiffre d'affaires. Dans le détail, Banijay «rachètera en cash une part significative de la participation» du fonds CVC Capital Partners dans Tipico, dont le siège est à Malte. Et «tous les actionnaires de Betclic et Tipico, y compris leurs fondateurs respectifs, deviendront actionnaires de l'entité combinée».
Banijay Group, coté à Amsterdam, engage 3 milliards d'euros dans l'opération. Ce montant inclut le refinancement de la dette existante de Tipico. Avec cette opération, son activité de paris et jeux, Banijay Gaming, doit doubler son chiffre d'affaires, son excédent brut d'exploitation (EBITDA) ajusté et son flux de trésorerie disponible. Les «synergies annuelles» attendues s'élèvent à environ 100 millions d'euros à moyen terme, ce qui comprend des gains d'«efficacité» mais aussi une croissance des revenus, a précisé M. Riahi.
Un pari sur la synergie et l’innovation
Rapprochées, les marques Betclic, Tipico et Admiral (racheté en septembre par Tipico) servent ensemble «près de 6,5 millions de joueurs actifs uniques par an, exploitent plus de 1 250 agences de paris sportifs en Allemagne et en Autriche, et emploient 5 300 personnes», ajoute Banijay, qui développe jusqu'alors son activité uniquement en ligne. La transaction doit être finalisée mi-2026, sous réserve du feu vert des autorités de régulation. Stéphane Courbit, cité dans le communiqué, a salué «une initiative forte qui reflète notre ambition et notre vision à long terme».
Selon Axel Hefer, directeur général de Tipico, «ce partenariat nous apporte l'envergure et les ressources nécessaires pour accélérer l'innovation produit» et «réaliser des investissements audacieux dans la technologie». Tipico est né à Karlsruhe en Allemagne à la fin des années 1990 à partir d'une simple boutique de paris, et s'est étendu jusqu'aux Etats-Unis avant un recentrage sur l'Europe. Au 1er janvier prochain, Nicolas Béraud, fondateur en 2005 de Betclic et actuel directeur général de l'entreprise, deviendra président du conseil d'administration de Banijay Gaming.
Une année 2024 «record»
Banijay Group, qui est également la maison mère du géant de l'audiovisuel Banijay, connue pour des productions comme Black Mirror ou MasterChef, avait bouclé une année 2024 «record», doublant son résultat net, à 155 millions d'euros. En juillet, le groupe s'était à nouveau élevé contre les hausses de taxes sur les paris sportifs et jeux en ligne en France, qu'il entend contester via une procédure «au niveau des autorités européennes».
Selon l'Association européenne des jeux et des paris (EGBA), les revenus des jeux en ligne sont en croissance constante, à 47,9 milliards d'euros en 2024. Une majorité sont générés sur mobiles et tablettes, à 58%, une part attendue en hausse dans les prochaines années. Interrogé sur d'autres perspectives pour Banijay, M. Riahi a répété que «la consolidation fait sens dans l'industrie du divertissement», alors que l'éventualité d'un rachat du groupe britannique ITV ou de sa filiale ITV studios a été évoquée par la presse au printemps. Mais il a ajouté qu'il «se concentre»dans les prochains mois sur Tipico.
















