Silhouette élancée, cheveux légèrement grisonnants et costume-cravate impeccable, Rodolphe Saadé déboule au pas de charge dans ses bureaux du VIIIe arrondissement de la capitale. Pas le temps d’admirer les différentes maquettes de navires aux couleurs de son entreprise, la CMA CGM. Pas le temps non plus de nous recevoir, laissant à son bras droit le soin de répondre à nos questions. En ce matin de juin, au onzième et dernier étage de sa tour de contrôle parisienne, le P-DG a un important dossier à solder : il doit boucler son entrée au capital d’Air France-KLM. Avec une participation de 9%, le roi du fret est désormais le troisième actionnaire de la compagnie aérienne, juste derrière les Etats français et néerlandais.

Voilà un patron qui, en quelques mois, s’est imposé en nouvel homme fort du business tricolore. Longtemps méconnu du grand public, Rodolphe Saadé dirige le troisième armateur mondial : CMA CGM, un mastodonte basé à Marseille, doté de 566 navires et capable de transporter sur les mers plus de 4 millions de conteneurs remplis à ras bord de produits Carrefour, Ikea ou Decathlon… Son activité, rarement à la une des journaux, est apparue stratégique au monde entier quand la pandémie, puis la reprise économique, ont bousculé les échanges internationaux et créé des pénuries dans tous les secteurs.

Profitant des tensions sur le marché du fret, le groupe a connu un exercice tout simplement exceptionnel : en un an, le prix du transport d’un conteneur est passé en moyenne de 2.000 à plus de 12.000 dollars et les marges du convoyeur ont explosé. En 2021, il a dégagé 17 milliards d’euros de bénéfices, plus que l’énergéticien Total ou l’empereur du luxe LVMH.

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