David Pécard est du genre pugnace. «Je me bagarre pour qu’on dépasse Lacoste. Ce n’est pas non plus la guerre, mais pour redevenir des industriels, la première étape est d’être forts chez nous!», balance fièrement le directeur des opérations du Coq sportif, dans le ronronnement des machines à coudre. Voisine de celle de la marque au crocodile, cette usine historique de Romilly-sur-Seine, dans l’Aube, a bien failli disparaître lors de la vague de délocalisations qui a frappé, dans les années 1980, la terre troyenne du textile. Depuis, c’est un lent combat pour rebâtir l’outil industriel de l’équipementier tricolore.

Après l’installation d’une machine permettant de produire quelques centaines de vêtements, une extension de 3.000 mètres carrés doit entrer en service au printemps. Objectif: doubler les capacités du site, et fabriquer les tenues de podium et de performance des Jeux olympiques 2024. Pour le gros des collections, les étiquettes continueront néanmoins d’afficher «Made in Morocco»… «Clairement, on ne pourra pas demain faire 100% de notre confection en France. Mais au moins, on ne dépend plus de la Chine», résume le directeur.

Preuve, s’il le fallait, que relocaliser n’a rien d’évident. Et ce, malgré les ambitions affichées par Emmanuel Macron, à l’issue de cette crise du Covid qui avait mis en évidence la dépendance de la France dans de multiples secteurs. «Les relocalisations jouent pour nous un rôle fondamental parce que c’est montrer qu’il n’y a pas de fatalité et c’est bâtir sur des secteurs d’avenir commun, en particulier le secteur pharmaceutique», avait assuré le locataire de l’Elysée, en visitant, à l’issue du premier confinement, le futur site de Seqens, dédié au paracétamol.

En plus de la santé, quatre autres secteurs stratégiques avaient été identifiés, soit les télécoms, l’agroalimentaire, la chimie et l’électronique. Et cela avait bien démarré: depuis 2020, le cabinet Trendeo avait en effet détecté 155 retours au bercail, pour des arrivées dépassant enfin les départs. «Un bilan nettement meilleur qu’auparavant, quand les relocalisations n’excédaient pas une dizaine par an depuis 2008», confirme Gwenaël Guillemot, directeur de l’Institut de la réindustrialisation.

Les délocalisations des multinationales creusent le déficit commercial

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