
Un ouf de soulagement ! Le Coq Sportif, fleuron du textile français, qui a équipé la délégation française lors des Jeux olympiques de Paris l'été dernier, s’extirpe du gouffre à la dernière seconde. Placée en redressement judiciaire fin 2024, la marque à la cocarde tricolore est officiellement reprise, a annoncé ce vendredi 4 juillet le tribunal de commerce de Paris. Mais derrière cet effet d’annonce, le décor reste sinistre : 60 à 70 millions d’euros de dettes, 28,2 millions de pertes en 2023, pour un chiffre d’affaires de 121 millions d’euros.
C’est l’homme d’affaires franco-suisse Dan Mamane, qui a redonné du peps à Conforama en Suisse, qui prend les rênes du coq tricolore (359 salariés fin 2024 dont 310 en France). Mais il ne sera pas seul. À ses côtés : Alexandre Fauvet, ancien dirigeant chez Lacoste et cofondateur-associé de Fusalp, va prendre la direction générale de la marque, tandis que le conseil stratégique sera confié à Udi Avshalom (ex Nike et Adidas). Côté business plan, le projet prévoit de nouveaux apports financiers à hauteur de 70 millions d'euros et des ambitions claires : faire grimper le chiffre d’affaires à 300 millions d’euros d’ici 2027. Pour y parvenir ? Booster l’international en triplant les ventes, opérer une refonte du réseau de distribution autour de nouveaux partenaires, fermer les magasins non rentables et développer une gamme femme.
80 postes menacés
En revanche, il risque d'y avoir de la casse sociale. Si le site de Romilly-sur-Seine (Aube) devrait être préservé, et même renforcé avec la création d'un nouveau centre de recherche et développement, la fermeture des bureaux parisiens et strasbourgeois est envisagée, tout comme plusieurs magasins affiliés. Au total, 80 emplois seraient menacés.
Du côté de Bercy, on se réjouit de cette reprise. Rappelons que l'État a apporté un soutien à la marque à travers notamment l'octroi d'un prêt de 12,5 millions d'euros en juillet dernier. «Je me félicite de la reprise du Coq Sportif. C'est une marque emblématique du sport français et une entreprise industrielle qui produit en France. Elle a désormais un nouvel avenir. Je lui souhaite ambition et succès», a indique le ministre de l'Économie, Eric Lombard.
Mais Dan Mamane n’était pas le seul sur les rangs pour faire revivre le Coq. Une offre de reprise concurrente avait également été déposée, menée par la société d'investissement Neopar, rassemblant notamment l’homme d’affaires Xavier Niel, le judoka Teddy Riner ou encore le groupe américain Iconix (Lee Cooper, Umbro). Fin juin, ce consortium avait envoyé un courrier au président du tribunal ainsi qu'à la procureure de la République de Paris dénonçant le fait que leur plan avait été entravé, affaibli, puis évincé du processus d’examen. Selon le cabinet de droit des affaires August Debouzy, «le plan présenté par le consortium n’a pas été écarté en raison de ses caractéristiques économiques ou juridiques, mais parce que les administrateurs judiciaires ont, dès les premières semaines de la procédure, décidé de faire du plan supporté par Monsieur Mamane leur propre plan». L’affaire s'arrêtera-t-elle là ?



















