La Cour suprême américaine examine actuellement la légalité des droits de douane imposés depuis avril par Donald Trump à presque tous ses partenaires commerciaux au nom d’une «urgence nationale». Pour confirmer la légalité de la mesure phare de son programme économique, Donald Trump a besoin de la voix de cinq juges sur neuf. Une telle majorité semble difficile à acquérir. Que se passerait-il pour le dollar si la Cour suprême invalidait les droits de douane ?

Si la Cour suprême déclarait les droits de douane réciproques anticonstitutionnels, les États-Unis seraient contraints de rembourser les sommes versées par les pays qui y ont été soumis. Et l’addition serait lourde : d’après les données des douanes américaines, plus de 80 milliards de dollars seraient en jeu pour la seule période de janvier à août.

Les Etats-Unis devraient rembourser des dizaines de milliards de dollars, les marchés sont trop insouciants !

Et cela pourrait intervenir au pire moment alors que l’administration américaine fait face à une flambée des dépenses et que l’économie montre des signes d’essoufflement, surtout du côté du marché de l’emploi.  Donald Trump a certainement conscience d’être allé trop loin au niveau des droits de douane. Il y a peu, afin d’apaiser le fardeau sur le consommateur américain à l’approche des élections de mi-mandat de l’année prochaine, il a annulé les surtaxes sur le café, les avocats et le bœuf.

Pour l’instant, le risque d’une censure par la Cour suprême est passé complètement inaperçu sur les marchés. Les actions sont en baisse à cause des prises de bénéfices par les fonds spéculatifs américains. Nul ne se préoccupe de la bataille juridique. Quant au marché des changes, c’est le calme plat. Les tendances des derniers mois sont toujours en place. L’euro est le grand gagnant de l’année avec une hausse de 12% face au dollar et de 10% face au yen depuis janvier. Mais un retournement brutal de marché n’est pas exclu si l’administration Trump se retrouvait à devoir rembourser des dizaines de milliards de dollars à ses partenaires commerciaux du jour au lendemain. Surtout dans un contexte où les investisseurs sont positionnés toujours massivement à l’achat sur l’euro.

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Or, yen, franc suisse… Les investisseurs pourraient se précipiter vers les valeurs refuge

Nous pourrions assister à un net repli vers les valeurs refuge, en particulier le yen et le franc suisse. Un mouvement qui serait favorablement accueilli par la Banque du Japon comme par la Banque nationale suisse. La première tente désespérément de renforcer le yen, sans succès jusqu’à présent, malgré le début d’un cycle de resserrement monétaire désormais compromis par la perspective d’une nouvelle relance budgétaire.

Quant à la seconde, elle a choisi de laisser s’apprécier le franc suisse, pour des raisons à la fois économiques et politiques. L’économie helvétique se montre plus résiliente que prévu face à une monnaie forte. En outre, Berne a tout intérêt à rester discrète sur le marché des changes afin d’éviter que le Trésor américain ne l’accuse de manipuler sa devise, ce qui risquerait de court-circuiter les négociations pour parvenir à un accord commercial.

Et le dollar dans tout cela ? Il pourrait s’apprécier face à l’euro !

En 2025, la politique commerciale de l’administration Trump et ses conséquences ont été un facteur d’évolution important du marché des changes (Forex). Cela s’est traduit par une baisse de 8,5% du Dollar Index depuis janvier – du jamais vu depuis les années 1970.  Toutefois, le scénario d’une remontée du dollar face à l’euro n’est pas à exclure, pour plusieurs raisons structurelles. Tout d’abord, l’économie américaine demeure forte. Dans la bataille décisive de l’IA, la question de la valorisation des actifs américains peut se poser. Pas celle de sa supériorité. Demain sera américain, et bien peu européen. Et les dernières prévisions abondent dans ce sens. L’économie US devrait croître de 2% en 2025 selon l’OCDE, contre seulement environ 1,3 % pour la zone euro, renforçant de facto le billet vert.

Ensuite, sur le temps long, l’incertitude profite toujours au billet vert. D’autant que la dédollarisation, souvent annoncée, ne se concrétise que de façon mineure. Et pour une raison simple : aucune autre monnaie n’a démontré sa capacité à remplacer le dollar.  Enfin, les partisans d’une chute du dollar ne peuvent oublier que celle-ci a déjà eu lieu. La baisse de 12% sur l’année écoulée face au dollar rend d’autant moins crédible une nouvelle chute d’ampleur pour 2026.