
Elle ne s’était pas imaginée banquière. “Quand j’étais à l’école, je rêvais de mille choses, mais pas de banque”, confie-t-elle en souriant. Et pourtant, c’est au cœur de BNP Paribas que Laure-Emmanuelle Filly a trouvé son terrain de jeu idéal : un univers où la finance croise l’humain, et où la rencontre devient moteur de transformation.
D’abord banquière d’entreprise, puis manager, elle découvre au fil de sa carrière un intérêt croissant pour l’entrepreneuriat. « J’ai toujours eu cette fibre, cette curiosité pour celles et ceux qui créent, innovent, osent ». En 2017, à la demande de Marie-Claire Capobianco, elle prend la tête d’un dispositif alors tout neuf : #ConnectHers, dédié à la promotion de l’entrepreneuriat féminin.
Six ans plus tard, ce réseau réunit 300 banquières et banquiers engagés, un maillage national au service des dirigeantes d’entreprises, des start-upeuses aux patronnes de PME. “Notre rôle, c’est de connecter les bonnes personnes : des expertes, des réseaux d’accompagnement, des partenaires qui aident les femmes à passer à la vitesse supérieure.”
Créer du lien, libérer la parole
Dans les ateliers ConnectHers By BNP Paribas, l’énergie est palpable. Les femmes se racontent, partagent leurs doutes et leurs réussites. “Dans des cercles féminins, la parole est plus libre. On se comprend, on s’encourage”, souligne-t-elle. Ces moments deviennent autant de bulles d’entraide que de tremplins vers la confiance.
Les échanges ne sont pas que symboliques : ils débouchent sur des coachings, des formations, mais aussi des rencontres avec des investisseurs. Laure-Emmanuelle insiste : “Ce que les femmes entrepreneurs gagnent dans ces moments, c’est une conviction : elles sont légitimes.”
Et pourtant, les chiffres rappellent qu’il reste du chemin : en 2018, seulement 40 % des femmes dirigeantes appartenaient à un réseau professionnel, contre 60 % des hommes. D’où l’importance, selon elle, de “montrer que les réseaux sont des leviers puissants, pas des clubs fermés”.
L’ambition, un mot à réhabiliter : “Les exemples comptent. Voir une femme qui y arrive, c’est se dire : pourquoi pas moi ?”
Quand on parle d’ambition, Laure-Emmanuelle Filly préfère la nuance. “Souvent, les femmes ne parlent pas d’ambition mais d’impact. Elles veulent changer les choses, pas simplement réussir.” Pour elle, il ne s’agit pas d’une différence de valeur, mais d’un autre rapport au pouvoir : plus collectif, plus tourné vers le sens.
Elle cite Kelly Massol, fondatrice de Les Secrets de Loly et désormais présidente du réseau Les Premières, comme un rôle modèle : “Elle prouve qu’on peut réussir sans tous les codes du départ.” Et d’ajouter : “Les exemples comptent. Voir une femme qui y arrive, c’est se dire : pourquoi pas moi ?”
Tech, IA et nouveaux territoires de l’entrepreneuriat féminin
Aujourd’hui, ConnectHers regarde vers l’avenir. En partenariat avec AWS et Sista, le programme soutient une nouvelle génération de start-ups tech cofondées par des femmes. Pendant six mois, les lauréates sont accompagnées sur la stratégie, la croissance et les outils d’intelligence artificielle.
“Les femmes sont encore trop peu présentes dans la tech, et pourtant, leur regard est essentiel sur ces sujets d’avenir”, insiste Laure-Emmanuelle Filly. L’idée : leur offrir un environnement favorable, un réseau solide et la confiance nécessaire pour accélérer.
“L’entrepreneuriat, c’est un marathon”
De son expérience de banquière, elle tire un conseil simple : “Le cash, c’est le nerf de la guerre. Et il faut savoir s’entourer.” Pour elle, entreprendre, c’est accepter la lucidité : identifier ses forces, mais aussi ses limites, et trouver les bonnes complémentarités.
“Ne pas rester seule, c’est la clé”, résume-t-elle. Car c’est souvent dans la confrontation bienveillante que naissent les meilleures idées.



















