C’est la tradition : à quelques jours de Noël, Yves ­Guillemot, le patron historique d’Ubisoft, depuis trente-huit ans aux manettes de l’éditeur de jeux vidéo fondé avec ses quatre frères, a l’habitude de convier ses salariés à une fête pour faire le bilan de l’année, se projeter dans la suivante, et surtout passer un bon moment. Et comme ces soirées sont souvent déguisées, il n’est pas rare d’y croiser des Lapins crétins, des mascottes Rayman, ou des guerriers d’«Assassin’s Creed», autant de personnages échappés des franchises stars de la société. Seulement voilà, pour l’édition 2024, l’esprit n’était pas à la rigolade. «Avant, Yves, c’était une rock star. Tout le monde voulait son selfie avec lui. Mais là, il s’est fait huer», raconte un salarié.

Il faut dire que la crise que traverse le groupe, pourtant habitué aux bas comme aux hauts, est cette fois profonde. Elle est tout d’abord opérationnelle : début janvier, l’éditeur a annoncé un second report, à la mi-mars, de son blockbuster espéré, «Assassin’s Creed Shadows», peu après avoir arrêté «XDefiant», un jeu en ligne lancé six mois auparavant. Mais cela tangue aussi sur le front social, le mécontentement sur les salaires ayant conduit à une grève, mi-octobre. Dans cette industrie cyclique, Ubisoft a mal anticipé le ralentissement d’activité, logiquement survenu à l’issue de la période du Covid, qui avait vu des bataillons de joueurs à la recherche d’une occupation durant leurs journées confinées. Logiquement, la plongée du titre en Bourse est vertigineuse, et atteint près de 45% sur un an.

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