
L’ultra fast fashion avec Shein, Temu ou encore AliExpress font des ravages sur le marché de la mode à coups de t-shirts à 3 euros et de livraisons éclair. Leurs dernières victimes ? Jennyfer, Naf Naf, Comptoir des Cotonniers, ou encore Princesse tam tam.
Mais certaines enseignes, comme Mango, tirent bien leur épingle du jeu. L’ultra fast fashion, même pas peur ! L’enseigne espagnole, qui compte 2 850 magasins dans le monde, dont 250 en France, ne connaît pas la crise. Pour son exercice 2024, clos en mars 2025, le groupe a publié un chiffre d’affaires en hausse de 7,6% à 3,4 milliards d’euros et un profit net de 219 millions d’euros, un bond de 27% sur un an. Et la suite s’annonce tout aussi solide : «La croissance continue, et la France (deuxième pays du groupe derrière l’Espagne, ndlr), est bien dans le tempo», assure à Capital, César de Vicente, directeur des ventes chez Mango.
79% des ventes réalisées avec la mode femme
À croire que Mango joue dans une autre cour. Sa force ? «Notre capacité à sublimer nos collections. Nous avons réussi à transmettre notre style méditerranéen à nos clients», nous indique César de Vicente. Fini les articles sans âme, chez Mango, les 20 000 à 30 000 pièces sont designées en interne avec un mot d’ordre : l’élégance. Avec deux collections par an, Mango approvisionne ses magasins toutes les semaines avec de nouvelles pièces. Un modèle très proche de celui de son cousin Zara (groupe espagnol Inditex). L’objectif ? Susciter l’envie des consommateurs avec des gammes de produits très courtes, notamment via les collections capsules (le footballeur Antoine Griezmann ou l’influenceuse Camille Charrière). Autrement dit, si vous ne passez pas une tête fréquemment dans les magasins, vous loupez le coche ! Si la mode femme représente 79% de son chiffre d’affaires, Mango veut habiller toute la famille. En plus des hommes et des enfants, elle est en train de tester de nouveaux concepts de magasins dédiés aux adolescents et à la maison, en Espagne.
L’assistant IA Mango Stylist
Mais tout ne s’arrête pas aux seuls vêtements ! Mango investit lourdement dans ses points de vente physiques. Objectif : transformer ses magasins en écrin. Dernier relooking : son flagship parisien, situé à deux pas d’Opéra, boulevard des Capucines. Ce concept, baptisé New Med, transforme les magasins en véritables maisons méditerranéennes, modulées en différents espaces. 80% des boutiques parisiennes seront rénovées d’ici à la fin de l’année 2025. «C’est essentiel d’investir dans nos magasins car c’est le point de contact privilégié avec nos clients», assure César de Vicente. Mais pas question de zapper le digital pour autant. Un tiers du chiffre d’affaires se fait en ligne. L’enseigne vient d’ailleurs de dégainer «Mango Stylist», un assistant IA disponible dans neuf pays du monde, dont la France. Ce personal shopper est capable de guider vos achats en fonction des tendances, de vos goûts et de vos préférences.
Et contrairement aux géants du low cost, Mango ne mise pas uniquement sur l’Asie. Dans le top six de ses pays fournisseurs, on retrouve la Chine, la Turquie, l’Inde, le Bangladesh, l’Espagne et l’Italie.
4 milliards d’euros de chiffres d’affaires fin 2026
Autant d’ingrédients qui devraient permettre à Mango d’atteindre ses objectifs à horizon 2026 fixés dans son plan 4E (elevate-élever, expand-développer, earn-gagner et empower-habiliter). Celui-ci doit conduire Mango à atteindre un chiffre d’affaires de 4 milliards d’euros et l'ouverture de 500 magasins supplémentaires dans le monde, dont en France. «Nous allons continuer d’ouvrir des points de vente, mais en restant dans un rythme mesuré», ajoute César de Vicente. Sur les cinq dernières années, Mango a ouvert l’équivalent de 30 000 m2 de surface de vente supplémentaires en France.
Seule ombre au tableau qui pourrait freiner cette ascension ? La loi fast fashion - adoptée par l’Assemblée nationale et le Sénat -, qui doit passer en commission mixte paritaire cet automne. «Nous ne sommes pas un acteur de l’ultra fast fashion mais nous nous tenons au courant des avancées de la loi», nous répond-il. La question épineuse : quelle est la définition exacte de l’ultra fast fashion ? Les élus doivent encore trancher.



















