
Dans cette rue commerçante du XVIIe arrondissement de Paris, ils sont nombreux à s’engouffrer, tous les jours de la semaine et week-end inclus, derrière la porte d’un immeuble haussmannien. Leur direction, sac de sport sur l’épaule : la cour du bâtiment, où s’est installée, à l’abri des regards indiscrets, une salle de fitness un peu particulière. Ici, pas d’usine à sueur où s’alignent les appareils de musculation, mais un coach qui attend son groupe pour une session de home trainer. Soit 45 minutes de vélo d’appartement, qui mettront le rythme cardiaque des participants à rude épreuve. Le tout dans la pénombre, et dans une ambiance sonore plus proche de la discothèque que du vélodrome. «C’est du pur lâcher-prise, explique une des sportives du jour. Chaque semaine, je réserve mon créneau sur ma pause déjeuner. Cela me vide la tête et les jambes.»
Comme cette trentenaire en quête de tonus, les adeptes de ces sessions de Dynamo payent une trentaine d’euros par séance pour suivre les consignes d’un prof survitaminé, dans des groupes de 50 participants maximum. « Nous venons de fêter les 10 ans de ce concept, importé des Etats-Unis. Aujourd’hui, nous avons 9 studios de fitness comme celui-ci à Paris (Louvre, Champs-Elysées, La Défense…) et nous en ouvrons en province, à Bordeaux ou Marseille », détaille Alexis Le Prado, le directeur général de Monday Sports Club. Cet ancien patron France de Bang & Olufsen pilote depuis un an ce réseau de fitness haut de gamme qui, en plus de ces séances de Dynamo, exploite d’autres concepts, à l’image du Punch Boxing (basé sur des mouvements de boxe anglaise), et de Riise (cours de yoga et Pilates).
Le secteur du fitness en pleine révolution
Depuis sa création, cette chaîne lancée par Chloé et Jules Bouscatel, et présidée par Nicolas Chabrier, un expert en fusions-acquisitions, a vu sa croissance s’accélérer tous les deux à trois ans, par l’absorption de salles concurrentes. Au point de devenir un des leaders des studios de fitness, un segment qui pèse 12% du marché. A l’opposé des salles multisports comme CMG, Neoness ou Basic-Fit, où le pratiquant est souvent laissé en totale autonomie, ces structures se caractérisent par une mono activité, pour des exercices encadrés. «Le secteur du fitness a d’abord été bouleversé par le Covid, puis par l’arrivée de réseaux à bas coûts. Alors que ces chaînes low-cost représentent plus de la moitié des 5000 clubs du territoire, le milieu de gamme a quasiment disparu. Il ne reste plus que l’entrée de gamme avec des formules à 30 euros par mois, ou ce type de studios haut de gamme», résume Nathalie Taieb Schwartz, entrepreneure devenue consultante sur le marché du fitness.

Avec 100 000 clients réguliers dans ses studios, Monday Sports Club s’est construit une base de sportifs accros. Et plutôt aisés : le réseau les encourage à souscrire, pour 570 euros, des cartes à entrées multiples, qui font tomber le coût de chaque séance à 19 euros. Grâce à cette stratégie commerciale, le groupe réalise déjà 15 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel, dont 50% rien qu’avec Dynamo, sa locomotive. «Il y a une grande fidélité de nos clients vis-à-vis de nos 75 coachs, qui sont tous des indépendants. Ces professeurs animent leur communauté et tissent des liens avec elle. Tous n’étaient pas forcément coach de fitness avant de travailler avec nous», indique Alexis Le Prado. Ex-danseur de l’Opéra de Paris ou consultant informatique, de nouveaux professeurs à forte personnalité sont constamment recherchés par le réseau afin de créer un esprit de groupe et… retenir les clients face à la concurrence.
Des coachs indépendants payés entre 50 et 180 euros la séance
Pour l’entreprise, ne pas salarier ses entraîneurs est une façon d’alléger ses coûts. «Les clients privilégient trois moments dans la journée pour venir: tôt le matin, même si ce n’est pas trop la culture française, sur la très fréquentée pause déjeuner, ou en sortant du travail. Pour un réseau de studios de fitness, il n’est donc pas rentable de salarier des professeurs en dehors de ces horaires», explique Nathalie Taieb Schwartz. De leur côté, les coachs peuvent d’autant plus facilement se lancer que, pour depuis la pandémie de Covid, qui avait mis le secteur à l’arrêt, les contraintes en matière de diplôme ont été allégées, et qu’il n’est plus nécessaire d’obtenir un brevet d’Etat. «Quand un professeur arrive chez nous, on va lui confier 3 à 5 créneaux fixes dans la semaine pour commencer. Puis, au fur et à mesure, on va compléter son planning. Les plus seniors obtiennent jusqu’à 20 créneaux par semaine, payés en fonction de l’expérience entre 50 et 180 euros la séance», détaille Alexis Le Prado.
Avec ses trois concepts à des niveaux de maturité différents (Dynamo bien installé, Punch et Riise encore en croissance), Monday Sports Club ambitionne d’ouvrir en 2026, en propre ou en franchise, une demi-douzaine de salles en province, où les loyers moindres permettent de facturer les cours moins cher qu’à Paris. «D’ici cinq ans, nous voulons devenir un leader européen des studios de fitness, par du développement en propre, mais aussi par de possibles rachats», prévient Alexis Le Prado. Le sprint de Monday Sports Club ne fait que commencer.
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