Quand les déconvenues de l'Etat se transforment en bonne nouvelle pour les épargnants. A partir de janvier prochain, les assureurs et mutuelles annonceront les taux servis sur la partie fonds en euros de leurs différents contrats, au titre de l'année 2025. Or pour les titulaires d'une assurance vie, c'est une bon présage qui se profile : la rémunération de leur épargne pourrait bien augmenter par rapport à 2024.

Après 2,6% distribué en moyenne sur le marché l'année dernière, «nous anticipons un taux moyen autour de 2,65% en 2025, voire 2,7% dans le scénario le plus positif», a estimé Cyrille Chartier-Kastler, directeur du cabinet Facts & figures, lors d'une conférence de presse, ce vendredi 17 octobre. Soit une prévision légèrement rehaussée par rapport à l'estimation faite en fin d'été. En cause, une nouvelle peu réjouissante : «La situation politique et budgétaire de la France se dégrade, et elle risque encore de faire grimper le rendement des obligations françaises», prédit-il.

Les assureurs craignent moins la concurrence du Livret A que d'autres placements obligataires

Pour rappel en effet, les fonds à capital garanti des assureurs sont composés pour près des trois quarts d'obligations très peu risquées, principalement d'Etats et de grandes entreprises. Dans cette poche, les obligations de l'Etat français à 10 ans tiennent une grande place (19,4% dans l'ensemble des fonds euros en moyenne en 2024). Ainsi, quand la confiance des assureurs dans la capacité de la France à rembourser ses dettes baisse, ils demandent en contrepartie un rendement supérieur, et le taux des nouvelles obligations souscrites augmente, ce qui se répercute sur le rendement servi aux épargnants.

Toutefois, le taux effectivement distribué ne correspond pas exactement à la performance du portefeuille des assureurs. Il peut aussi être «gonflé» si l'assureur puise dans ses réserves, notamment pour faire face à la concurrence de l'autre grand produit d'épargne à capital garanti, le Livret A. Le taux de ce dernier étant en baisse (1,7% depuis le 1er août), on aurait pu s'attendre à ce que le rendement des fonds euros suive la même trajectoire. En réalité, «les assureurs sont pris entre deux feux, entre la baisse du taux du Livret A et la hausse des rendements des obligations françaises, tout en devant toujours collecter massivement» analyse Cyrille Chartier-Kastler.

En réalité, en servant en moyenne un meilleur taux cette année, les assureurs anticipent une explosion du rendement des obligations souveraines dans les prochains mois. Ceci pour éviter la concurrence non plus du Livret A, mais d'autres placements qui profiteraient aussi de cette hausse des rendements obligataires : les comptes à termes, distribués par les banques, mais aussi les compte-titres, qui permettent également d'investir directement dans des obligations ou des paniers d'obligations.