
Pour préparer sa retraite, un placement semble tout indiqué : le Plan d'épargne retraite (PER), un produit d'épargne créé à cet effet par la loi Pacte, en 2019. En l'espace de seulement cinq ans, le PER a, semble-t-il, trouvé son public : selon France assureur, 7,3 millions de Français avaient déjà souscrit, fin mai 2025, un PER assurantiel (l'autre forme, moins répandue, est le PER bancaire), pour un encours total qui a désormais dépassé le cap des 100 milliards d'euros.
Autre signe de ce succès, selon la dernière enquête «les Français, l’épargne et la retraite» (AG2R La Mondiale - Amphitéa - Cercle de l’épargne), 71% des sondés comptent ouvrir un PER prochainement. Et pour cause : 72% des non-retraités estiment qu’ils ne vivront pas correctement avec leur future pension. Mais pour remplir cet objectif précis - se constituer un complément de revenu pour la retraite - le PER est-il le produit d'épargne le plus indiqué ?
«Le Plan d'épargne retraite porte bien mal son nom»
Pas pour Vincent Grard, directeur France de Trade Republic, pour qui «le Plan d'épargne retraite porte bien mal son nom». Selon lui, un autre produit d'épargne s'avère être plus efficace pour arriver à la retraite avec un capital conséquent : le Plan d'épargne en action (PEA). Ceci pour une raison simple : le poids des frais dans une enveloppe telle que le PER. «Le PEA va mettre moins de freins à la progression du capital. Avec un même effort d'épargne mensuel, sur le même support d'investissement, l'écart va être significatif, uniquement à cause des frais de gestion du PER», explique-t-il.
Selon le premier rapport annuel de l'Observatoire des produits d’épargne financière, publié le mardi 1er juillet, les frais de gestion sont en effet doubles sur le PER : ils étaient en moyenne (en 2023) de 0,73% sur la partie fonds euros (garantie en capital) et de 0,91% sur les unités de compte (UC), investies sur des supports plus risqués (actions, immobilier, etc.). Ces frais sont payés annuellement par l'épargnant sur le capital détenu en fonds euros et en UC. Mais il faut ajouter que le mode de gestion par défaut d'un PER est la gestion pilotée à horizon : un pilotage de votre portefeuille par l'assureur qui vous coûtera entre 0,4% et 1,5% de votre capital en plus par an.
Des frais annuels qui pèsent lourd sur la durée
Notons qu'outre ces frais de gestion, plusieurs autres peuvent s'ajouter en PER comme en PEA (frais d'entrée, frais sur les versements ou les transactions, frais de tenue de compte…) mais il est désormais possible de trouver des acteurs (notamment digitaux) qui ne les facturent pas. Mieux, dans le cas du PEA, à la différence d'autres produits d'épargne, ces frais sont même plafonnés (voir encadré). Aussi, ce sont surtout les frais de gestion qui pèseront le plus sur la performance du PER, au regard du PEA, car avec ce dernier, le mode de gestion par défaut est la gestion libre : il vous reviendra de sélectionner vous-mêmes les actions et fonds sur lesquels vous souhaitez investir, avec à la clef des frais de gestion nuls.
Aussi, en ne conservant que ces derniers, l'écart est en effet significatif au bout du compte : prenons l'exemple d'un trentenaire qui met 100 euros de côté par mois, sur une durée de 40 ans, à un rendement de 7% (la performance moyenne par an du CAC 40 sur les 30 dernières années) et avec des frais de 2% par (0,73% de frais de gestion sur les fonds euros, 0,91% sur les UC et 0,4% pour la gestion pilotée). Selon le simulateur de l'Autorité des marchés financiers (AMF), en l’absence de frais de gestion annuels, le capital aurait atteint 247 054,20 euros, mais une fois les frais déduits, le capital n'est plus que de 144 467,70 euros. Soit 102 586,50 euros partis en frais !
Comment sécuriser son investissement à l'approche de la retraite ?
Ce serait toutefois oublier que le PER a aussi un avantage fiscal de taille : vous pouvez, tous les ans, déduire les versements effectués dessus de votre revenu imposable. Ce qui ajoute un «rendement» supplémentaire à ce produit, qui vous génère une économie d'impôt. Néanmoins, «cet avantage profite surtout aux contribuables qui paient beaucoup d'impôts, ce qui n'est pas le cas de tout le monde», rappelle Alban de la Raitrie, gérant privé à la Financière d’Uzès. En effet, plus la tranche marginale d'imposition (TMI) est élevée, plus l'économie d'impôt générée est conséquente. Raison pour laquelle le PER n'est pas conseillé en dessous d'une TMI à 30%. «Il faut rappeler que seuls 45% des foyers paient l'impôt sur le revenu. De nombreux jeunes ou petits salaires n'auront donc pas d'intérêt à ouvrir un PER», appuie Vincent Grard.
Ceci en rappelant que de son côté, le PEA dispose aussi d'un avantage fiscal non négligeable : passé cinq ans de détention, vos plus-values sont exonérées d’impôt sur le revenu, l'imposition se réduit donc aux prélèvements sociaux (17,2%), quel que soit le montant de vos gains. Il est ainsi possible, une fois à la retraite, de dégager des revenus de son PEA à moindre coût, si toutefois vous avez été chanceux en Bourse ! Reste en effet une question fatidique : n'est-ce pas trop risqué de placer ses économies en vue de la retraite sur un produit avec lequel vous pouvez perdre tout ou partie de votre argent ?
Si le PEA n'offre aucune garantie en capital - à la différence d'un PER avec son fonds euros - il reste toutefois possible de protéger son investissement à l'approche de ses vieux jours : «On peut sécuriser son PEA en investissant dans des OPC monétaires éligibles au PEA. Ces fonds (biens moins risqués que les fonds actions, NDLR) offrent des performances proches des taux monétaires, autour de 2,1 ou 2,2 % par exemple cette année», explique Alban de la Raitrie. Réduire son exposition au risque est donc aussi une option sur un PEA. Reste qu'il faudra, en gestion libre, avoir au moins quelques connaissances financières pour piloter son investissement, et s'accommoder d'un plafond de versement de 150 000 euros (que l'on peut augmenter à 225 000 euros en cumulant avec un PEA-PME). Face au PER ou à l'assurance vie, ne manquerait finalement au PEA qu'un avantage fiscal pour transmettre son capital à son décès… Une petite révolution qui a fait l'objet d'une proposition de loi très récemment.
Le plafonnement des frais du PEA
Depuis le 1er juillet 2020, les frais du PEA sont plafonnés : les frais d'ouverture ne peuvent excéder 10 euros, les frais de tenue de compte 0,4% par an sur la valeur du plan, et les frais de transactions (ordre d'achat et de vente) 0,5% du montant de l’opération (par voie dématérialisée).
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