
Taper énergiquement sur son clavier, porter des écouteurs pour simuler une réunion, multiplier les déplacements en open space… Autant de pratiques associées au «taskmasking», ou l’art de paraître débordé sans véritablement progresser sur des missions essentielles. Selon une étude de Fortune, cette tendance ne concerne pas uniquement la Génération Z, bien qu’elle lui soit souvent attribuée.
Entrés sur le marché du travail en pleine pandémie, ces jeunes actifs ont dû s’adapter à des environnements hybrides où la performance se mesure parfois davantage à la présence qu’aux résultats concrets. Dans un contexte où le télétravail a brouillé les frontières entre visibilité et efficacité, certains employés adoptent des comportements visant avant tout à répondre aux attentes implicites des entreprises, qui valorisent encore trop souvent l’occupation apparente au détriment du travail en profondeur.
Une réponse aux mutations du travail
Le «taskmasking» s’inscrit dans une transformation plus large du monde professionnel. Avec l’essor du travail à distance et l’hyperconnectivité, la frontière entre multitâche et dispersion devient floue. Beaucoup jonglent entre missions, répondent en temps réel aux messages et alternent entre diverses applications, donnant l’impression d’un surinvestissement, alors que la charge cognitive réelle est parfois moindre.
Cette tendance pourrait toutefois s’atténuer avec le retour progressif au bureau. D’après un rapport de KPMG cité par nos confrères, les PDG britanniques prévoient un retour généralisé en présentiel d'ici à trois ans, ce qui pourrait limiter les opportunités de «taskmasking» et recentrer les évaluations sur des résultats concrets plutôt que sur l’apparence d’une activité soutenue.
Un symptôme du malaise organisationnel
Si le phénomène peut être perçu comme une tactique d’adaptation, il reflète également un dysfonctionnement organisationnel, indique Fortune. La pression de l’évaluation, le manque de clarté des attentes et des structures de travail rigides poussent certains employés à privilégier l’apparence de l’occupation plutôt que la réelle efficacité. Cette situation peut engendrer stress, baisse de la qualité du travail et même burn-out.
Le média américain souligne l’importance, pour les entreprises, de redéfinir la notion de productivité. Plutôt que d’encourager une culture où la présence prime sur l’impact, elles devraient favoriser un cadre où les résultats sont mesurables et où les collaborateurs disposent d’une autonomie adaptée à leur manière de travailler.


















