C’est la fin d’un mythe. Pour certains, du moins, si on se réfère aux propos tenus le 16 juillet dernier par Amélie de Montchalin, alors ministre chargée des Comptes publics, désormais ministre de plein exercice : «Nous travaillons, en France, 100 heures de moins par habitant qu’en Allemagne», avait-elle déclaré. Or, bien que le chiffre - à recontextualiser - ne soit pas totalement faux, les travailleurs de France et de Navarre travaillent bel et bien plus que leurs voisins d’outre-Rhin selon l’étude Rexecode concernant la durée effective de travail et sa quantité en France ainsi qu’en Europe en 2024.

Dans l’étude Rexecode, les personnes âgées de 15 à 64 ans travaillent 1 105 heures en moyenne par an en France, contre 1 212 heures en moyenne par an en Allemagne, soit une différence de 107 heures, peu ou prou donc la même que celle de la ministre. Un différentiel légèrement inférieur - 84 heures - lorsque l’on compare la France et l’Union Européenne. Au sein du groupement européen, la France est le troisième pays qui travaille le moins en termes de nombre d’heures.

La retraite, principale raison d’un nombre d’heures travaillées inférieures au reste de l’Europe

Comment l’expliquer ? «Deux choix collectifs faits par la France expliquent ces disparités par rapport aux autres pays européens : en premier, le départ à la retraite plus précoce, avance Olivier Redoules, directeur du pôle Etudes de Rexecode. Le second est celui de la règle générale des 35 heures (ndlr : environ 37h en 2022 selon l’Insee) pour les salariés à temps plein», conclut l’expert. Mais alors, qu’en est-il lorsque l’on considère seulement les personnes actuellement en emploi, salariées ou non ?

Et bien, le résultat s’inverse. Enfin, seulement concernant l’Allemagne. En effet, la durée effective de travail des personnes en emploi dans l’Hexagone est de 1 595 heures contre 1 539 heures en Allemagne. Une différence qui s’explique par le fait que les travailleurs indépendants et à temps partiel effectuent plus d’heures que leurs homologues allemands. Les indépendants tricolores sont même les sixièmes au niveau européen.

Dans les deux cas, c’est plus faible que la moyenne de l’Union européenne avec 1 667 heures en moyenne. D’autres pays, comme les pays nordiques (Suède, Danemark, Pays-Bas), sont aussi en dessous de cette moyenne européenne. «Généralement, dans les pays productifs et avec un taux d’emploi élevé, la tendance est à travailler moins d’heures, analyse Olivier Redoules. Et actuellement, si la France reste productive, son taux d’emploi est bien plus faible que les pays cités. Pour l’expert, le choix que doit faire la France est clair : «Nous n’avons pas la productivité nécessaire pour travailler le nombre d’heures que nous effectuons actuellement», assène-t-il.