563 000. C’est le nombre de jeunes de moins de 25 ans qui pointent au chômage au premier trimestre 2025, selon les tout derniers chiffres de France Travail. Autrement dit, 17,6% des 3,2 millions de demandeurs d’emploi de catégorie A – ces personnes sans aucune activité, disponibles immédiatement, et en recherche active d’emploi. Une statistique qui confirme une tendance déjà constatée à la fin de l'année 2024, lorsque les jeunes étaient déjà les principaux moteurs de la hausse du chômage.

Pour tenter de freiner l’hémorragie, France Travail a décidé de muscler son jeu dans l’accompagnement de ces jeunes sans emploi. Dès la rentrée prochaine, le programme Avenir Pro, discrètement expérimenté depuis 2021 dans quelque 600 lycées professionnels, passera à la vitesse supérieure. Initialement réservé aux élèves ne souhaitant pas poursuivre leurs études, il sera bientôt généralisé à l’ensemble des 2 200 lycées pros de l’Hexagone. Y compris pour ceux qui visent une poursuite en apprentissage ou en alternance. Objectif affiché : «éviter que les jeunes ne se retrouvent sur le bord de la route dès la sortie du lycée», résume Hélène Noblecourt, directrice du pôle de la mobilisation pour l’insertion des jeunes chez l’ex-Pôle emploi.

Casser l’image de «l’employeur inatteignable»

Car pendant longtemps, France Travail intervenait seulement en bout de chaîne, lorsque les jeunes, fraîchement diplômés, venaient grossir les rangs du chômage. Mais avec la loi pour le Plein emploi, la méthode change : il s’agit désormais «d’agir en amont», explique Hélène Noblecourt. C’est tout l’enjeu de la généralisation du programme Avenir Pro. Désormais, tous les élèves en dernière année de Bac pro ou en CAP seront concernés.

Concrètement, des agents de France Travail dûment formés interviendront en classe pour accompagner les élèves : aide à la rédaction de CV, simulations d’entretiens, découverte des besoins en recrutement du territoire… Et surtout, des rencontres avec des employeurs locaux, via des job datings, pour favoriser les premiers contacts professionnels. Car «les jeunes que nous accompagnons n’ont souvent ni réseau, ni expérience. Et pour beaucoup, un employeur est une figure inatteignable, inaccessible, constate Hélène Noblecourt. L’idée, c’est donc de faciliter cette relation

Et sur le papier, cela fonctionne : alors qu’à peine 16% des jeunes trouvaient un job après leur Bac pro, ils sont désormais 23% à signer un contrat à la sortie d’un lycée ayant expérimenté Avenir Pro. Un chiffre encore modeste, Hélène Noblecourt le reconnaît : «C’est sûr que ce n’est pas assez, et c’est pour cela que l’on généralise l’expérience à l’échelle nationale», nuance-t-elle, tout en précisant que le dispositif a amélioré l’insertion de ces jeunes de 45%. Rappelons aussi que cette évaluation date du tout début de l’expérimentation, il y a trois ans.

Le CEJ pour les jeunes les plus éloignés de l’emploi

Cela veut-il dire que les programmes de France Travail ne sont réservés qu’aux jeunes encore en études ? Pas forcément. Depuis la loi pour le Plein emploi et «avec l’aide des missions locales, si un élève n’a ni formation ni emploi, il est orienté vers un accompagnement adapté», affirme la directrice des programmes d’insertion des jeunes. Pour ces publics, il faut un «suivi privilégié», qui passe par exemple par le Contrat d’engagement jeune (CEJ). Ce dispositif, qui a pris la relève de la Garantie jeunes depuis mars 2022, vise les publics les plus éloignés de l’emploi. Son principe repose sur un engagement mutuel : le conseiller France Travail s’engage à accompagner le jeune de manière intensive pendant six mois. En échange, le bénéficiaire doit jouer le jeu, en participant aux ateliers, formations ou stages définis avec son référent.

Autre force non négligeable du dispositif : une allocation mensuelle allant jusqu’à 561,68 euros, selon les profils. «Quand on lève le frein financier, cela facilite l’accompagnement et libère l’esprit du jeune, pour lui permettre d’être dans une vraie démarche de recherche d'emploi», apprécie Hélène Noblecourt. Pour preuve : la moitié des bénéficiaires du CEJ obtiennent un job stable six mois après la fin de leur contrat d’engagement. Mais pour espérer des résultats comparables chez les lycéens pros, il faudra attendre deux ans, le temps que les effets de la généralisation d’Avenir Pro puissent être évalués.