
Le conclave sur les retraites s’achèvera-t-il sur un échec total ? Les discussions entre partenaires sociaux pour améliorer la dernière réforme de 2023 - repoussant notamment l’âge légal de départ de 62 à 64 ans - s’étaient soldées par une impasse au début de l’été. Mais elles avaient tout de même accouché de quelques avancées, avec un nouveau mode de calcul de la retraite des femmes et l’abaissement de l’âge d’annulation de la décote. Des mesures dont le sort est aujourd’hui incertain : rien ne garantit en effet qu’elles figureront dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026, qui doit être déposé à l’Assemblée nationale au début du mois d’octobre.
Confirmer les - trop rares - progrès du conclave des retraites est pourtant un minimum pour les syndicats sondés lundi 15 septembre par le Premier ministre Sébastien Lecornu. Le nouveau locataire de Matignon, s’il s’est bien gardé de donner des garanties aux partenaires sociaux sur les mesures finalement retenues dans le budget de la Sécu, les a assurés de son écoute : «Il nous a fait comprendre son besoin de rencontrer un maximum de personnes et nous a confié sa volonté de construire un budget avec un tronc commun», apprécie Pascale Coton, la négociatrice en charge des retraites pour la CFTC.
Quelle «solution» pour la retraite des femmes ?
Quelles seraient les éléments de ce «tronc commun» ? L’experte de la Confédération des travailleurs chrétiens, tout comme ses confrères de la CGT, de la CFDT et de la CFE-CGC, le saura plus précisément dans les prochaines semaines, après les arbitrages de Matignon mais avant la présentation du budget de la Sécu au Parlement en octobre. Des priorités se dégagent tout de même, avance Pascale Coton : «Sébastien Lecornu m’a paru convaincu qu’il est possible de trouver des solutions pour la retraite des femmes.» L’option retenue sera-t-elle celle du conclave, à savoir prendre en compte les 24 ou les 23 meilleures années (selon le nombre d’enfants) pour le salaire moyen servant de base au calcul de la retraite des mères de famille, au lieu de 25 années actuellement ? Ou optera-t-il pour une surcote, comme l’espère la CFE-CGC ? Trop tôt pour le dire.
Rien d’acté non plus sur la proposition de la CFTC d’avancer l’âge du taux plein automatique pour la retraite, c’est-à-dire sans décote, de 67 à 66,5 ans - le seuil retenu dans le cadre du conclave -, voire à 66 ans. «Le Premier ministre a pris note de notre demande», résume simplement Pascale Coton. Même son de cloche du côté de la CFE-CGC et de sa secrétaire nationale à la protection sociale, Christelle Thieffinne. «Nous avons senti le Premier ministre à notre écoute sur la question de la pénibilité. Nous lui avons rappelé l’objectif que les personnes concernées puissent partir plus tôt», explique-t-elle. Un cheval de bataille pour le syndicat des cadres, et la CFDT, qui s’est heurté lors du conclave au refus systématique du patronat, lequel préfère insister sur la prévention de la pénibilité plutôt que sur la «réparation», déplore l’élue CFE-CGC.
Retour en arrière sur l’année blanche et le gel des retraites ?
Les métiers pénibles l’obtiendront-ils, cette réparation ? La demande de retraite progressive deviendra-t-elle opposable pour que l’employeur ne puisse plus la refuser, comme l’espère Christelle Thieffinne ? Rien n’est encore tranché sur ces sujets, tout comme sur l’épineux sujet de la revalorisation des retraites. «Sébastien Lecornu n’est pas sûr que l’année blanche (et donc le gel des retraites en 2026, NDLR) soit une bonne idée», glisse Pascale Coton. Et de préciser qu’il pourrait être question de toucher aux «plus grosses retraites mais pas aux plus petites». Les dernières consultations du Premier ministre avec les forces politiques, qui dureront jusqu’à ce jeudi 18 septembre, pourraient permettre de lever ces nombreuses incertitudes. Mais pas de revenir sur la réforme des retraites de 2023 : «C’est trop tard», estime Pascale Coton.



















