Syndicats et patronat vont-ils parvenir à s’entendre dans le cadre du conclave des retraites qui était pourtant mal parti en début d’année ? Des conclusions doivent être rendues en fin de mois avec une dernière réunion, notamment prévue le 19 juin. En attendant, les débats autour de l’âge de départ sont toujours vifs, la CFDT réclamant par exemple un régime des retraites «sans âge légal». Mais faut-il voir plus loin que l’âge ? C’est ce que certains politiques mettent en avant depuis quelques jours en misant sur la retraite par capitalisation.

C’est le cas de l’ancien Premier ministre, Edouard Philippe, qui est en tournée pour la présentation de son livre Le prix de nos mensonges et qui souhaite mettre en place un «système de capitalisation qui n’a pas vocation à remplacer complètement la répartition, mais qui doit venir compléter le système de répartition», a repéré France 24. Selon lui, cette introduction pourrait d’ailleurs se faire à hauteur «de 10, 15, 20 %». Edouard Philippe rappelle qu’on est actuellement à environ 2% et qu’«on peut aller plus loin».

Se sortir du «piège démographique»

Pour l’ancien Premier ministre, la France est sur le point d’entrer «dans un piège démographique», raison pour laquelle il recommande de regarder ce qu’ont fait les pays qui sont déjà entrés dedans. Ces pays ont «accepté de travailler plus longtemps pour sauver leur système de répartition» même s’ils «ne l’ont pas fait de gaieté de cœur». Edouard Philippe va même plus loin : «Toutes celles et ceux qui racontent que l'on peut baisser l'âge de départ à la retraite et ne pas tenir compte de notre démographie sont dans le déni du réel.»

Mais cette idée de retraite par capitalisation n’est pas nouvelle. Nos confrères rappellent qu’elle était un des thèmes de campagne de Bruno Retailleau pour sa campagne à la présidence des Républicains, tandis qu’un autre ancien Premier ministre, Gabriel Attal, l’a aussi évoquée début 2025, tout comme le ministre de la Justice, Gérald Darmanin. Ce dernier tenait d’ailleurs une réunion publique le 11 juin intitulée «Retraites, et si la solution c’était la capitalisation ?»

Quid de la période de transition ?

La retraite par capitalisation, qui consiste à placer les cotisations des actifs sur les marchés, pour ensuite faire fructifier ce capital (et le reverser sous la forme de pensions de retraite) est aussi critiquée. «L’inconvénient, c’est qu’il n’y a pas de garantie. Les systèmes par capitalisation ont quasiment tous fait faillite dans la première moitié du XXe siècle en raison des guerres et de la crise financière», décrypte par exemple l’économiste Michaël Zemmour.

Toutefois, dans certains pays, des systèmes hybrides ont vu le jour, comme en Allemagne ou en Suède, où la retraite complémentaire est financée par la capitalisation. Mais dans les deux cas, il y a des limites, analyse Michaël Zemmour, pour qui «ce système par capitalisation a tendance à poursuivre les inégalités liées aux parcours professionnels quand le système par répartition tend à les réduire». Reste à savoir également comment financer ce système, d’autant que le système de retraites actuel devra être financé lors de la période de transition. A cette question, les défenseurs de la mesure n’ont pas répondu.