Oubliez les profils flamboyants. Le successeur de Carlos Tavares chez Stellantis est enfin dévoilé et c’est un vétéran du groupe, à la trajectoire impeccable, qui a été choisi. Son nom a été communiqué ce matin, à la suite d’un Conseil d’administration organisé la veille au soir. Celui-ci accorde ainsi les pleins pouvoirs à Antonio Filosa, élu à l’unanimité en tant que directeur général du groupe automobile Stellantis à compter du 23 juin 2025, aux côtés de la nouvelle équipe de direction qu’il aura désignée. Rappelons que son président exécutif et héritier de la famille Agnelli, principal actionnaire via Exor, John Elkann, recherchait activement un tel CEO, depuis l’éviction de Carlos Tavares le 1er décembre 2024. Peu de surprise sur cette nomination au final, même si d’autres candidats, comme le Français Maxime Picat, étaient aussi présentés comme ayant de grandes chances de devenir le nouvel homme fort. Mais c'était sans compter sur le parcours exemplaire d’Antonio Filosa, pur produit Stellantis. Voici tout ce que vous devez savoir sur lui.

5 choses à connaître sur Antonio Filosa

Il est italien, comme Luca de Meo : le nouveau visage qui incarnera Stellantis aura quelques petits airs de Méditerranée, comme Luca de Meo, le patron de Renault. Antonio Filosa a 52 ans et est Napolitain d’origine. Il a obtenu son diplôme au Politecnico de Milan, la ville d’origine de son nouveau rival. Comme quoi l’Italie semble le vivier des grands patrons de l’industrie automobile.

Sa carrière chez Fiat, son atout : Antonio Filosa a passé toute sa carrière au sein de la marque Fiat, puis Stellantis. En 25 ans, il a occupé des postes variés dans plusieurs régions du monde, acquérant une connaissance approfondie de l’entreprise et développant un leadership reconnu à l’international. C’est donc en 1999 qu'il rejoint Fiat, pour ensuite gravir les échelons en Amérique latine, notamment au Brésil, avant de diriger Jeep à partir de 2023, puis l’ensemble des opérations nord-américaines de Stellantis.

Sa chère Amérique : Antonio Filosa s’est imposé comme un bâtisseur et un stratège sur trois continents. En Amérique du Sud, il a fait de la marque Fiat l’un des leaders du marché, a développé plusieurs marques du groupe, et a lancé la production locale de Jeep grâce à la création d’une grande usine au Brésil. À la tête de cette marque au niveau mondial, il a renforcé sa présence, notamment en Europe, où des modèles comme l'Avenger sont devenus des best-sellers. Depuis décembre 2024, en tant que COO des Amériques, il a géré une phase critique en Amérique du Nord, réduisant les stocks, réorganisant les équipes et renforçant le dialogue avec les partenaires de Stellantis.

L’exact opposé de Carlos Tavares : il saura être un dirigeant apprécié et soutenu. Sa nomination a été saluée à l’unanimité par le Conseil d’administration, avec des soutiens explicites : John Elkann loue son leadership fort et efficace, Robert Peugeot évoque sa connaissance de l’entreprise et de l’industrie et Nicolas Dufourcq (Bpifrance) y voit un profil taillé pour affronter la transformation du secteur automobile. Carlos Tavares, lui, cultivait une personnalité de chef austère et imposait une méthode très stricte, à l'approche bien trop centralisée. Antonio Filosa serait donc l’anti-Tavares, plutôt accessible et souriant, dans un premier temps, prônant un management plus collaboratif.

Sa mission commando : prendre les commandes du groupe Stellantis ne sera pas de tout repos. Sa nomination intervient dans un contexte difficile : en 2024, le groupe a subi une chute de 70% de son bénéfice net et une perte de trésorerie de 6 milliards d’euros. Les tensions commerciales avec les États-Unis, exacerbées par les politiques tarifaires de l’administration Trump, ont fragilisé les ventes, notamment sur le marché américain. Le nouveau patron va devoir revoir entièrement la stratégie produits et commerciale de la galaxie Stellantis, dont les modèles empiètent sur les platebandes de ceux des autres gammes. Le futur patron devra rationaliser le portefeuille de ses 14 marques, certaines étant jugées redondantes ou peu rentables. La question d’éventuelles cessions ou fusions internes pourrait se poser rapidement. Dans l’ensemble, il s’agira de renouer avec la rentabilité et de regagner du cash, et surtout de retrouver sa clientèle. Parmi tous ces gros chantiers, le cas des États-Unis presse : l’urgence sera ainsi d’élaborer un nouveau plan stratégique ou de décider que faire du plan Dare Forward 2030, qui contenait notamment des objectifs très agressifs sur la voiture électrique…

En choisissant Antonio Filosa, Stellantis opte pour un capitaine expérimenté, capable de naviguer dans des contextes complexes et multiculturels. Son nom ne fait pas la une, mais c’est peut-être son côté stabilisateur qui fera mouche pour redresser la barre, tout en réconciliant performance économique et innovation, et en apaisant les tensions internes et externes.

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