
Sans capitaine, le paquebot dérive dans le brouillard. Ce mercredi 30 avril, Stellantis a dévoilé ses résultats financiers pour le premier trimestre de 2025. Force est de constater que l’année débute difficilement pour le constructeur automobile franco-italo-américain (Peugeot, Citroën, Fiat, Jeep…) : son chiffre d’affaires net, à 35,8 milliards d’euros, baisse de 14% sur un an. C’est le résultat de ventes en berne : avec 1,2 million de véhicules expédiés, les livraisons reculent de 9%. Une contre-performance qui intervient alors que le groupe est toujours à la recherche d’un directeur général, depuis l’éviction surprise de Carlos Tavares intervenue en décembre 2024.
Mais il y a une annonce choc adossée à ces résultats. Stellantis a décidé de suspendre ses prévisions financières pour 2025. La faute, argumente l’entreprise, aux «incertitudes liées aux tarifs douaniers» décidés par le président des Etats-Unis Donald Trump. Il faut dire que contrairement à son rival (le groupe Renault, qui n’a pas tant souffert au premier trimestre), Stellantis est très exposé au marché américain avec ses marques Jeep, Ram, Chrysler et Dodge. D’autant plus que ces maisons commercialisent des gros véhicules très profitables. Pour rappel, l’Amérique du Nord représentait 30% du résultat opérationnel ajusté du groupe.
Chez Stellantis, la crise a débuté avant la guerre commerciale
Ironie du sort : Donald Trump a décidé ce mardi 29 avril, juste avant la publication des résultats de Stellantis, d’alléger les mesures tarifaires dans le secteur automobile. Une mesure accueillie positivement par Stellantis, même si elle ne suffira sans doute pas à écarter toutes les perturbations liées à la guerre commerciale. Il faut aussi rappeler que les difficultés de Stellantis en Amérique du Nord ont débuté avant l’investiture de Donald Trump. Dans un rare mea culpa, Carlos Tavares avait reconnu des erreurs de marketing aux Etats-Unis, peu de temps avant son départ de l’entreprise.
Stellantis espère dynamiser les ventes avec plusieurs SUV lancés au premier trimestre : le Citroën C3 Aircross, l’Opel Frontera et le Fiat Grande Panda. Côté citadines, Stellantis compte également sur la montée en puissance de la Citroën C3, qui existe en version électrique et thermique. L’image de marque de ce modèle très populaire a toutefois souffert avec le scandale des airbags Takata, qui a provoqué l’immobilisation de nombreuses anciennes Citroën C3. Mais Stellantis espère que cette crise appartiendra bientôt au passé. Le pilote des activités européennes de Stellantis, Jean-Philippe Imparato, assure que les résultats restent «très positifs» sur le Vieux Continent : «Les commandes à la fin du premier trimestre ont atteint leur niveau le plus élevé au cours des dix derniers mois. Nous devons maintenant consolider et améliorer cette performance très encourageante», a commenté le directeur.
Au-delà des résultats financiers, les marchés sont à l’affût d’une autre annonce : la nomination d’un directeur général pour succéder à Carlos Tavares. Sur ce dossier crucial, Stellantis ne laisse fuiter aucun indice et se contente de rappeler son calendrier : le nouveau patron sera nommé au cours du premier semestre 2025, c’est-à-dire avant la fin du mois de juin. Face à la guerre commerciale aux Etats-Unis, aux pressions réglementaires en Europe pour passer plus vite à la voiture électrique et aux ventes décevantes, la carrure du futur pilote sera mise à rude épreuve.
















