Perrier s’enlise encore un peu plus dans la tourmente. Selon la cellule investigation de Radio France qui a pu consulter un document de l'Agence régionale de santé (ARS) d'Occitanie, des bactéries pathogènes de l'intestin ont été retrouvées dans l'eau des bouteilles de Perrier, au sein de l'usine de Vergèze dans le Gard. Ce nouvel épisode de contamination a conduit à l'arrêt d'une ligne de production et au blocage de 369 palettes, soit près de 300 000 bouteilles.

Des centaines de milliers d'autres bouteilles de 50 cl sont également immobilisées en raison d’un taux élevé de germes revivifiables, pouvant indiquer une contamination bactériologique, précisent nos confrères ce vendredi 18 avril. De son côté, le groupe Nestlé (propriétaire de la marque Perrier) assure qu’il s'agit de «simples mesures internes de gestion de la qualité […] indépendantes de la qualité de l'eau au forage». «Tous les produits mis sur le marché sont sûrs», affirme-t-il. Pour sa part, l’ARS d'Occitanie précise que «des discussions sont prévues avec Nestlé Waters», tout en ajoutant qu’«une destruction complète pourrait être envisagée».

La répression des fraudes saisit la justice

Selon nos confrères, Nestlé n’a pas informé immédiatement les autorités sanitaires, comme le code de la santé publique le lui impose. Il s’est en effet écoulé 10 jours entre la détection de la bactérie pathogène et la transmission de l’information à l’ARS concernant les deux formats de bouteilles. Ces révélations surgissent alors que la situation est particulièrement critique pour le groupe Nestlé, puisque le préfet du Gard, Jérôme Bonet, doit trancher prochainement sur le sort de la marque Perrier.

Or, toujours selon la cellule investigation de Radio France, le directeur général de l'ARS Occitanie recommande de ne plus autoriser la production d'eau minérale naturelle à Vergèze, sur l'ensemble des forages exploités. Une telle décision aurait pour conséquence la disparition pure et simple de la marque emblématique d'eau gazeuse. En avril 2024, Nestlé avait dû détruire 3 millions de bouteilles en raison d’une contamination par des bactéries issues de germes fécaux.

En outre, de nombreux rapports administratifs démontrent que les ressources en eau exploitées par la multinationale dans son usine du Gard ne sont plus pures depuis des années, et qu'elles ne devraient plus être embouteillées et commercialisées comme des eaux minérales naturelles. Nos confrères précisent que la répression des fraudes (DGCCRF), informée de la situation depuis 2021, a récemment saisi la justice pour des «pratiques pouvant constituer des infractions pénales» dans l’usine de Vergèze. En vertu de l’article 40 du code de procédure pénale, toute administration doit signaler au procureur de la République, «sans délai», «tout crime ou délit porté à sa connaissance».