
La colère gronde au sein de l’Ordre des médecins. Le projet de budget 2026 de la Sécurité sociale, examiné en session plénière à l’Assemblée nationale mardi 4 novembre, prévoit des économies à hauteur de 7 milliards d’euros dans le secteur de la santé. Un texte jugé inacceptable aux yeux du Conseil national de l’Ordre des médecins. La raison : il prévoit, pour atteindre son objectif d’économies, une austérité inédite, et s’attaque notamment, selon Stéphane Oustric, président du Conseil national de l’Ordre des médecins, aux arrêts de travail, aux franchises médicales et aux dépassements d’honoraires.
Dans une interview accordée à BFM, le président du Conseil explique que le gouvernement ne réfléchit pas sur le long terme à améliorer le système de la Sécurité sociale, ou les orientations sanitaires, mais obéit désormais seulement à une logique comptable budgétaire.
«Une simple logique de gestion comptable»
Pour Stéphane Oustric, certaines réformes de la Sécurité sociale, comme le remboursement des cures thermales, pourraient avoir du sens. Toutefois, il explique qu’elles n’ont une pertinence que dans une stratégie préventive. «La prévention, aucun politique ne l'aime, parce que c'est un engagement sur la durée et dans la constance», affirme-t-il.
Autre sujet de tension entre le gouvernement et l’Ordre des médecins : le plafonnement envisagé des dépassements d’honoraires, jugé nécessaire par certains députés pour préserver le pouvoir d’achat des patients. Stéphane Oustric rappelle que les médecins obéissent à des règles déontologiques. «Ce qui est important, c’est qu’on puisse réellement parler de “tact et mesure”, (...) délivrer une information claire et loyale au patient, garantir le libre choix éclairé pour obtenir le consentement au soin.» Il défend aussi la liberté des praticiens. «Derrière le tarif d’un chirurgien, il y a les compétences, les techniques, le matériel, et la responsabilité qu’il engage. (...) Qui accepterait 30 ans de prison pour une appendicite à 288 euros ? Revenons sur terre.»
Le médecin se dit en défaveur de la limitation de la durée des arrêts de travail à 15 jours en ville et 30 jours à l’hôpital, en raison de son expérience, qu’il explique : «Je vois tous les jours des gens avec des pathologies de plus en plus complexes. (...) Nous devons conserver notre liberté d’exercice avec une indépendance professionnelle.»


















