Un cadre de travail design et coloré, des collaborateurs en jeans et baskets affichant la petite trentaine: en pénétrant dans les locaux parisiens de Jimmy Energy, on se croirait chez une start-up du Web. A la différence près qu’ici, au lieu de plan marketing ou de protection des données personnelles, on parle plutôt de «cœur de réacteur» et d’«uranium enrichi». Et que, malgré une décontraction à toute épreuve, ce n’est pas à Google ni à Facebook qu’Antoine Guyot et Mathilde Grivet, les deux dirigeants de l’entreprise, entendent faire de l’ombre, mais à notre électricien national, EDF. Ils ne visent en effet rien de moins que de faire sortir de terre la première centrale nucléaire privée, dès 2026.

Jimmy Energy et Newcleo, acteurs du "nouveau nucléaire"

Aux côtés de 10 autres talents prometteurs, des ingénieurs et physiciens souvent passés par les grandes écoles (et en majorité très masculins…), que nous avons réunis pour une photo exclusive, ce tandem constitue l’avant-garde du «nouveau nucléaire». Celle-là même qui, depuis un discours prononcé par Emmanuel Macron à Belfort en février 2022, doit aider la France à en finir avec les énergies émettrices de gaz à effet de serre, mais aussi permettre d’approvisionner entreprises et ménages en électricité bon marché.

Cette relance d’une filière plombée depuis la catastrophe de Fukushima en 2011, qu’aucun spécialiste n’aurait pensé possible voici seulement trois ans, le président de la République a voulu qu’elle passe par la construction d’au moins six nouvelles mégacentrales, les fameux EPR (réacteurs pressurisés européens), sous l’égide d’EDF. Mais aussi par le développement de SMR (pour small modular reactor), ces petits réacteurs dont la puissance varie de 20 à 300 mégawatts par unité, contre 900 à 1450 mégawatts dans le cas d’une centrale classique. Et si EDF va élaborer son propre SMR, le Nuward, à partir d’un modèle éprouvé de réacteur, les start-up que nous avons réunies ont, elles, pour mission de bâtir une offre privée et de développer des technologies plus disruptives.

Une ambition inédite, dans une France où l’électricien national est le seul, depuis les années 1950, à avoir jamais produit de l’électricité à partir de l’atome. «Nous souhaitons voir émerger de nouveaux acteurs, pour faire sortir de leur base confortable ceux qui sont en place et créer de l’émulation», confirmait le cabinet du ministre délégué à l’Industrie Roland Lescure, au mois de novembre dernier. Huit de ces nouveaux venus, lauréats d’un appel à projets, bénéficieront pour cela d’une enveloppe globale de 102 millions d’euros, distribuée dans le cadre du plan France 2030, et pourront solliciter un accompagnement technique auprès du Commissariat à l’énergie atomique (CEA).

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