Des chercheurs de l'Université de Lund, en Suède, ont mené une recherche sur le lien entre l'usage de ChatGPT et le «fonctionnement exécutif des adolescents», dont les principales conclusions ont été relayées par La Dépêche. Par «fonctionnement exécutif», il faut comprendre l'ensemble des mécanismes qui permettent de se concentrer, de rechercher et de mémoriser les informations, précise l'article. Et cette étude est sans équivoque : le recours trop fréquent aux outils de l'intelligence artificielle (IA) pose de sérieux problèmes cognitifs.

L'«ingérence» de l'IA dans la vie des élèves pourrait faire l'objet d'un devoir de philosophie, mais la vraie question est de savoir combien, pour rédiger leur copie, recourraient... à l'IA. Si pour beaucoup, cette pratique qui relève de la triche pure et simple permet un gain de temps et l'espoir d'une bonne note sur leur bulletin, elle comporte des risques sur lesquels cette étude tient à alerter : ses résultats suggèrent notamment que les élèves rencontrant des difficultés de fonctionnement exécutif et se tournant vers l’IA ne lèvent ainsi aucun de leurs blocages existants. Bien au contraire : ils les renforcent.

Les enseignants font de la résistance

Un constat préoccupant quand on sait que l'adolescence est une période particulièrement délicate pour la maturation des processus cognitifs et la formation de l'esprit critique. Or, par définition, l'IA est dépourvue d'esprit critique. Et les adolescents ne peuvent exercer le leur s'ils délèguent la responsabilité de la «réflexion» à un outil comme ChatGPT. Encore plus grave : l’étude conclut à une entrave à la «réussite scolaire et sociale» et se projette encore plus loin, évoquant une entrave également à «la stabilité de l’emploi».

Pour contribuer à résorber les risques de triche mais aussi les répercussions sur la capacité de réflexion de leurs élèves, les enseignants doivent faire preuve de créativité. Comme ce professeur de mathématiques qui «doublonne» les devoirs – un fait à la maison, et le même sur table, pour pouvoir comparer. Ou encore ce professeur à Science Po Paris qui expose à Philosophie Magazine, son propre stratagème : mettre au défi ses étudiants de rendre une copie maison meilleure que celle de ChatGPT sur un même sujet donné. Car faire mieux que l’IA, «c'est quand même la condition de leur future employabilité !»