
Il y a Jobcan, KickResume ou FlowCV pour optimiser son CV ; JobCopilot, Bulk Apply, Talentprise ou Autojob pour identifier les offres d’emploi ; mais aussi LazyApply et Careerflow pour automatiser ses envois de candidatures ; ou encore Jobinterview.coach, Interview Warmup et Huru pour s’entraîner à l’entretien d'embauche…
Sans oublier l’Emploi Store de France Travail, qui fourmille d’outils. A cela s’ajoutent les IA généralistes (ChatGPT, Le Chat, Gemini, etc.), tout aussi capables de vous guider dans une recherche d’emploi... «L’intelligence artificielle peut vous aider à toutes les étapes du processus», confirme Noëmie Cicurel, directrice du développement des équipes Europe de Robert Half.
Un recruteur peut détecter l'utilisation de l'IA
Si les outils ne manquent pas, la réussite n’est toutefois jamais garantie. Selon une étude de l’Observatoire IA et emploi, menée fin 2024, 77% des demandeurs d’emploi ont déjà utilisé un outil d’intelligence artificielle dans le cadre de leur recherche, mais seuls 46% l’ont trouvé efficace. «En tant que recruteur, je détecte très vite si une candidature a été passée au filtre de l’IA, commente Nicolas d’Hooghe, directeur du cabinet Work&You. Si c’est bien fait, il est plutôt positif de savoir que le candidat sait manier cet outil. Mais beaucoup se contentent encore de reprendre le texte craché par l’IA sans le moindre recul, et sans se rendre compte qu’il y a des détails qui clochent.»
Autre risque identifié par Pierre-Gilles Bouquet, fondateur du cabinet Voluntae : «Avec les plateformes d’automatisation d’envois de CV, on voit des candidats postuler à tout et n’importe quoi. L’IA est utile pour personnaliser sa candidature et faire en sorte qu’elle réponde vraiment à une offre d’emploi. En revanche, la massification des candidatures est à prendre avec des pincettes.»
L'IA efficace pour rechercher des annonces qui correspondent à votre recherche d'emploi
Reste que ces outils d’automatisation, utilisés à bon escient, peuvent s’avérer d’une redoutable efficacité, notamment pour l’indispensable première étape, celle de la prospection. «Quelques secondes suffisent à une IA pour scroller les jobboards et les sites de recrutement des entreprises, et repérer les offres d’emploi correspondant à votre recherche», explique Noëmie Cicurel. Il faudra alors particulièrement veiller à la rédaction du prompt. Par exemple, dire que vous visez un poste de gestionnaire de paie ne suffit pas : vous devez préciser votre formation, si vous préférez travailler en entreprise ou dans un cabinet comptable, les logiciels que vous maîtrisez…
«N'hésitez pas également à mentionner vos soft skills ou vos expériences, ajoute Noëmie Cicurel. L’IA pourra ainsi élargir le champ de sa recherche.» Attendez-vous à quelques propositions peu pertinentes, voire carrément farfelues. «L’IA vous aide à réfléchir mais ne pense pas à votre place», rappelle Valentine Piegay, qui a beaucoup utilisé ChatGPT dans sa recherche d’emploi à Montréal (lire son témoignage dans l'encadré).
L'intelligence artificielle vous accompagne pour rédiger votre CV et votre lettre de candidature
Une fois l’offre sélectionnée, l’IA peut également contribuer à améliorer votre candidature. Ainsi, si vous lui transmettez l’annonce d’emploi choisie et votre CV, vous pouvez lui demander de les comparer et d’identifier les principaux mots clés à employer pour que votre profil soit repéré par l’ATS, l'outil de suivi de candidature du recruteur. «Attention, prévient Noëmie Cicurel, ces logiciels ne savent pas reconnaître les images et les logos.» Les CV ultragraphiques générés sur des plateformes d’IA telles que Canva ou VistaCreate se révéleront donc contreproductifs.
Dernier obstacle que l’IA peut vous aider à franchir : celui de l’entretien de recrutement : «Là encore, ses conseils seront d’autant plus pertinents que votre prompt sera contextualisé», précise Noëmie Cicurel. En plus de l’offre d’emploi et de votre CV, ajoutez à votre requête le profil LinkedIn de votre futur interlocuteur, le nom de l’entreprise, son domaine d’activité, ses perspectives de développement… Vous pouvez alors demander à l’IA les 10 ou 15 questions que le recruteur est susceptible de vous poser. Et, bien entendu, la solliciter pour qu’elle énumère les éléments de réponse les plus pertinents. «N’oubliez pas de lui demander aussi quelques idées de questions à poser, ajoute notre experte. C’est toujours révélateur en fin d’entretien. De plus, si votre candidature présente un défaut a priori rédhibitoire – une expérience de deux ans alors que l’employeur en réclame cinq, par exemple – l’IA peut aussi vous fournir des arguments.»
Notre test
Pour vérifier la pertinence de ces conseils, nous avons demandé à ChatGPT de guider une candidate fictive, récemment diplômée d'un master en marketing et vente d’Audencia Business School et postulant à un Graduate Program chez L’Oréal (poste le plus fréquemment proposé aux jeunes diplômés chez le leader des cosmétiques, incluant dix-huit mois de programme d’intégration), à la fois pour rédiger son CV et sa lettre de motivation. Nous les avons ensuite soumis à un professionnel du recrutement : «Je suis bluffé, commente Nicolas d’Hooghe. ChatGPT a parfaitement su dire à cette jeune diplômée quels éléments de son profil mettre en avant.»
En l’occurrence, sa capacité à générer du business, exemples chiffrés à l’appui, sa compréhension du secteur de la beauté et du luxe («même si ton expérience est ailleurs, car L’Oréal adore les profils capables d’apporter une vision nouvelle», a précisé ChatGPT). Mais aussi ses expériences internationales et son ADN entrepreneurial («deux critères importants chez L’Oréal», selon l’IA). La lettre de motivation produite par l’intelligence artificielle s’est certes révélée plutôt impersonnelle, et pour tout dire un peu caricaturale. Mais les principales idées étaient là : il suffit de se les approprier…
«L’IA m’a aidée à mieux comprendre ce qu’un employeur attend de moi»
Valentine Piegay, 30 ans, UX/UI designer chez Intelcom, à Montréal
«ChatGPT m’a accompagnée à toutes les étapes de ma recherche d’emploi. Pour améliorer mon CV, je suis partie de quatre offres correspondant au type de poste que je visais dans le domaine de l’expérience utilisateur (UX)/interface utilisateur (UI) d’applications numériques. J’ai ainsi pu intégrer les bons mots clés, ceux qui sont repérés par le système de suivi des recruteurs.
J’ai également demandé à ChatGPT de m’aider à commenter les cas d’usage présentés dans mon portfolio dans un style synthétique et percutant, en français comme en anglais. Enfin, j’ai beaucoup fait appel à l’IA pour préparer mes entretiens, chercher des informations sur les entreprises et les recruteurs, m’entraîner à présenter mes expériences en utilisant la méthode STAR (situation, tâche, action et résultat), anticiper les questions qu’ils pourraient me poser… Rétrospectivement, j’ai le sentiment que ChatGPT m’a aidée à mieux comprendre ce qu’on attendait de moi et à gagner en confiance.»
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