
Il aura fallu deux ans d’enquête pour mettre au jour un vaste système de fraude en Seine-Saint-Denis. Comme l’a appris Le Parisien, deux hommes ont été placés en garde à vue au mois de juillet dans le cadre d’un «gros dossier» dont les «montants donnent le vertige», a indiqué le procureur de la République de Seine-Saint-Denis, Eric Mathais. Ces deux hommes sont en effet poursuivis pour escroquerie, fraude fiscale, blanchiment et travail dissimulé. Lorsque l’enquête a été ouverte, elle concernait «la vente à la sauvette de cigarettes».
Mais petit à petit, les enquêteurs se sont rendu compte que des sociétés similaires «intervenaient dans plusieurs dossiers», a confirmé le procureur de la République de Seine-Saint-Denis auprès de nos confrères. C’est donc au terme de deux ans d’enquête qu’a été mis au jour «un vaste système de blanchiment et de fraude sociale et fiscale», selon Eric Mathais, ajoutant que les enquêteurs du GIR 93 et de la direction cyber et financière de la police judiciaire avaient travaillé conjointement avec le tribunal de commerce et les services des impôts.
Une quinzaine de sociétés mises en cause
L’ampleur de la fraude présumée est énorme : selon le procureur qui a parlé «d’opérations de blanchiment», les deux hommes placés en garde devront s’expliquer sur «600 000 euros de flux bancaires injustifiés». Il leur est également reproché d’avoir évité 3,9 millions d’euros de cotisations sociales et 840 000 euros d’impôts. En réalité, l’ampleur de la fraude serait bien plus importante selon le procureur de la République, qui évoque des «faits prescrits».
Les accusés auraient créé une quinzaine de sociétés éphémères dans le transport ou le BTP qualifiées de «défaillantes sur les plans social et fiscal» tout en étant «radiées avant toute procédure collective». A chaque fois, ils transféraient le matériel vers d’autres structures «assurant la continuité de l’activité frauduleuse», a poursuivi Eric Mathais pour qui cette affaire est «typique du travail fait dans le 93 (…) en lien avec d’autres services de l’État».
3 millions d’avoirs criminels saisis
Au total, deux hommes sont donc poursuivis, ainsi que leurs compagnes pour «non-justification de ressources, escroquerie et blanchiment» ainsi que quatre sociétés. Une audience doit se tenir à l’automne prochain. Soulignant auprès de nos confrères du Parisien que le «blanchiment d’argent est vraiment le point nodal de tous les trafics», le procureur de la République a confirmé que plus de trois millions d’avoirs avaient déjà été saisis dans ce seul dossier. «La lutte contre ces fraudes, c’est aussi participer au redressement du pays», rappelle-t-il.




















