La signature de l’accord douanier entre les États-Unis et l’Union européenne a fait couler beaucoup d’encre. Cet accord, qui ramène les droits de douane sur les produits européens exportés aux États-Unis à 15%, a suscité des appels au boycott des produits américains. Interrogé par TF1, Michel Picon, président de l’Union des entreprises de proximité, y est favorable : «Il faut que l’ensemble des Européens punissent. Moi, je n’irai pas en vacances aux États-Unis. Et j’invite tous nos concitoyens à boycotter les États-Unis.»

Mais l’idée d’un boycott est-elle vraiment réaliste ? Si cette idée refait surface comme une contestation contre cet accord jugé déséquilibré par la France, rien ne garantit qu’elle soit applicable ou même efficace. Pour Jéremy Ghez, professeur à HEC et spécialiste des affaires internationales, interrogé par LCI, la proposition est davantage un réflexe qu’une solution réaliste. En cause : la France dépend aujourd’hui trop fortement des technologies américaines dans de nombreux secteurs pour envisager un boycott.

Un appel symbolique, mais peu de marge de manœuvre concrète

Le terme «boycott» recouvre donc une réalité difficilement atteignable pour la France. «Il n’y a pas de biens de substitution» dans plusieurs domaines, estime Jeremy Ghez. Dans le numérique, l’Europe reste trop faible pour offrir des alternatives qui permettraient une telle décision. Difficile donc de mettre en place une vraie rupture avec les États-Unis sans perturber le quotidien des entreprises et des particuliers

Pour Gallagher Fenwick, analyste des relations internationales, le boycott peut aussi avoir un effet contre-productif d’un discours trop radical, ou trop frontal : «Le terme de boycott, il hérisse le poil. Il braque des gens.». Il plaide pour un changement de vocabulaire et suggère d’appeler une telle action : «consommer responsable».