
Dans un entretien accordé à L'Express, Desmond Lachman tire la sonnette d'alarme. L'ancien haut responsable du Fonds monétaire international, aujourd'hui chercheur à l'American Enterprise Institute, estime que la crise française «pourrait s'étendre au reste de la zone euro, voire ébranler les marchés mondiaux». Selon lui, la France se trouve dans «un grand désordre budgétaire», incapable de maîtriser un déficit public avoisinant les 6 % du PIB et une dette qui dépasse 110 %. «Elle n’a pas la volonté politique de s'attaquer à ce problème», juge-t-il, soulignant que les marchés «ne seront pas disposés à prêter de l'argent à la France aux taux actuels».
L'économiste rappelle que les tensions actuelles rappellent les prémices de la crise de la dette dans la zone euro, il y a quinze ans : «Un pays dépense beaucoup plus qu'il ne gagne, les prêteurs se retirent, les taux montent, et tout devient incontrôlable.» Si la Banque centrale européenne pourrait intervenir, «cela ne se fera pas sans contreparties», avertit-il. L'Allemagne, ajoute Desmond Lachlan, «sera réticente à ce que la BCE dépense de l'argent pour la France», ce qui rend l'aide européenne incertaine.
L'économiste plaide pour une élection présidentielle anticipée
Pour Desmond Lachman, Emmanuel Macron n'a plus guère de marge de manœuvre. «La meilleure chose qu'il pourrait faire serait de convoquer une élection présidentielle anticipée, plutôt que de maintenir le pays dans l'incertitude pendant encore un an et demi.» Et si le chef de l'Etat hésite, les marchés pourraient «l'y contraindre». L'ancien directeur adjoint du FMI compare la situation française à celle du Royaume-Uni sous Liz Truss : «Les marchés ont dit "stop" et elle a dû partir.» La France pourrait connaître, selon lui, un scénario similaire.
L'ampleur de l'endettement et la lenteur de la croissance fragilisent le modèle économique du pays. Avec des dépenses publiques représentant 57 % du PIB, «il est évident que la majeure partie de l'ajustement doit venir du côté des dépenses» affirme Desmond Lachlan. Une rigueur qui, faute de politique monétaire propre, risque d'entraîner la France dans la récession. «La France n'a pas respecté les règles du jeu, et maintenant cela pose un sérieux problème», insiste l’économiste.
Le FMI appelle l'Europe à se ressaisir
Alors que Lachlan craint un effet domino, la directrice actuelle du FMI, Kristalina Georgieva, met en garde de son côté contre le déclin économique de l'Union européenne. Comme le rapporte BFMTV, elle a exhorté l'UE à «aller au bout du projet» pour restaurer sa compétitivité face aux Etats-Unis. La patronne du Fonds appelle à «supprimer les frictions frontalières» et à construire «un système financier européen unique». Selon elle, la stabilité du continent dépend autant de la discipline budgétaire des Etats que de leur capacité à agir collectivement.


















