La «Sécurité sociale de l'alimentation» va-t-elle voir le jour en France ? Ce jeudi 20 février, une proposition de loi portée par des députés écologistes est examinée à l’Assemblée nationale. Elle vise à instaurer une carte créditée de 150 euros par mois, pour tous, dans le but de soutenir à terme le concept du droit à l'alimentation pour tous. Si ce projet de loi vise d’abord à soutenir financièrement les expérimentations locales, dans certaines communes justement, des initiatives similaires ont vu le jour.

C’est le cas dans le Vaucluse, dans la petite ville de Cadenet, explique Ouest-France. Depuis le mois d’avril 2024, sur l’idée d’une association, un dispositif similaire octroie 150 euros à quelques habitants pour faire leurs courses. Le collectif à la tête de l’initiative, Au Maquis, se bat en effet depuis plusieurs années pour que tous les habitants aient accès à une alimentation saine et durable, et peu importe leurs moyens ! «La grande majorité de nos aliments sont ultratransformés et le taux de diabète a explosé par exemple !», rappelle Eric Gauthier, membre de l’association.

Les achats autorisés dans trois commerces

Aujourd’hui, sur les quelque 4 000 habitants de la commune, 33 bénéficient de ce dispositif qui permet de payer avec leur «carte vitale alimentaire». Un tirage au sort a d’ailleurs été effectué parmi les 70 volontaires, mais en aucun cas, les conditions de revenus n’ont été prises en compte parce qu’il «ne s’agit pas d’une aide alimentaire», rappelle l’association. Et Éric Gauthier d’ajouter auprès de nos confrères : «Tout le monde a le droit à l’alimentation, comme on a le droit à la santé.»

Pour autant, pas question de faire n’importe quoi avec l’argent. En effet, ces 150 euros peuvent être dépensés seulement dans trois commerces, à savoir l’épicerie du centre-ville, un magasin de producteurs et l’Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne). A chaque fois, les clients payent puis se font rembourser. En outre, tous les aliments ne sont pas concernés. L’association a listé ceux dont l’impact environnemental est le plus faible, les locaux, tout en prenant en compte la taille de l’exploitation ou les conditions de travail.

Un dispositif subventionné

Par exemple, comme une habitante l’explique à France 3 Provence-Alpes-Côte d'Azur, lorsqu’il y a trois cœurs sur un produit, il est conventionné à 100% et quand il n’y en a que deux, «c’est à 70%». Une expérimentation qui a permis de changer les mentalités : des bénéficiaires sont venus pour la première fois dans un magasin de producteurs. Un double impact, économique mais également sociologique, avec des agriculteurs mieux rémunérés et des habitants plus responsables et qui mangent mieux. Pour l’heure, la «carte vitale alimentaire» est subventionnée par la Fondation de France et la Fondation Carasso. Il faudrait huit millions d’euros pour généraliser ce dispositif à tout le village !