
L'année 2025 pourrait marquer un tournant dans l'accès aux soins en France, et pour de nombreux ménages, les perspectives ne sont guère encourageantes. Le taux de remboursement des médicaments par la Sécurité sociale baissera de 5% l’an prochain, tout comme la prise en charge des consultations médicales, a annoncé la ministre de la Santé Geneviève Darrieussecq lundi 18 novembre au Sénat. Cette mesure, inscrite dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025, vise à réduire le budget de la santé publique avec des économies de 5 milliards d’euros pour pallier le déficit budgétaire grandissant. Mais pour les assurés, elle fait redouter une hausse significative du reste à charge.
En pratique, les trois taux de remboursement des médicaments (65%, 30% et 15%) seraient abaissés proportionnellement. Pour un médicament courant tel que le Doliprane, actuellement remboursé à hauteur de 40 centimes par la Sécurité sociale, la prise en charge passera à 30 centimes. Cette baisse implique que la différence devra être absorbée par les complémentaires santé, ou, pour les trois millions de Français qui n'ont pas de mutuelle, directement par les patients eux-mêmes.
Une vulnérabilité accrue pour les plus précaires
Cette décision fait peser une lourde menace sur les catégories les plus vulnérables, notamment les retraités et les personnes précaires. Catherine Simonin, membre de France Assos Santé, prévient ce mardi sur RMC que «de nombreux Français ne peuvent plus assumer les cotisations de leurs complémentaires santé». D’après ses chiffres, 11% de la population renoncerait déjà à se soigner pour des raisons financières. Et pour ceux qui maintiennent leur couverture, le risque d'une augmentation des cotisations des mutuelles est réel, ce qui pourrait encore restreindre l'accès aux soins.
Selon une étude récente menée par l'entreprise Rosaly, 49% des Français craignent de devoir renoncer à des soins en 2025 pour des raisons financières. Cette enquête met en lumière un pessimisme croissant : 54% des sondés se disent inquiets pour leur avenir, tandis que 61% estiment que la réduction des dépenses de santé annoncée par le gouvernement est «inadmissible». La santé reste la priorité numéro un pour 38% des Français, surpassant même le pouvoir d'achat et l'emploi.
Des alternatives encore floues
Le gouvernement justifie cette baisse des remboursements par la nécessité de maîtriser les dépenses de santé. Mais les associations de patients et les professionnels de la santé appellent à des solutions plus adaptées, notamment sur la pertinence des soins, «alors que 20% des actes ne le sont pas», estime Catherine Simonin. La mise en place de la clause de sauvegarde pour faire contribuer financièrement les laboratoires pharmaceutiques est également envisagée par le gouvernement, mais uniquement en dernier recours, selon Geneviève Darrieussecq. En attendant, les mesures concrètes pour compenser les effets de cette réforme sur le pouvoir d'achat des Français tardent à se préciser.


















