Le débat revient une nouvelle fois sur la table. «Je suis pour la suppression de toute forme de privilèges» dont bénéficient encore les anciens Premiers ministres, a lancé Dominique de Villepin, dimanche sur le plateau de M6. Celui qui a occupé Matignon sous la présidence de Jacques Chirac n’est pas le seul à prendre position sur ce sujet.

Ce lundi 15 septembre, le tout nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu a confirmé sur X que les «avantages à vie» des anciens Premiers ministres seraient supprimés dès 2026, une annonce qui marque sa volonté d’envoyer un signal fort de rupture et de transparence dès le début de son mandat. Le chef du gouvernement entend ainsi répondre à une attente récurrente de l’opinion publique sur la réduction des dépenses liées aux anciens dirigeants.

En juillet dernier, déjà, Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, invitait les ex-locataires de Matignon à prendre «le métro et à se débrouiller». Avant elle, Michel Barnier avait demandé en novembre 2024 aux anciens Premiers ministres de «faire des efforts».

Quels sont exactement ces «privilèges», dont le coût se chiffre à plusieurs milliers d’euros ?

Le décret n° 2019-973 du 20 septembre 2019, relatif à la situation des anciens Premiers ministres, prévoit plusieurs avantages. Ils peuvent bénéficier des services d’un secrétaire particulier pendant une durée maximale de dix ans à compter de leur départ de Matignon, et jusqu’à l’âge de 67 ans. En parallèle, un véhicule de fonction et un conducteur leur sont mis à disposition «sans limitation de durée», sous réserve d’en faire la demande.

Le texte précise toutefois que ces moyens ne sont pas accordés aux anciens Premiers ministres disposant déjà d’un soutien équivalent pour «l’exercice d’un mandat parlementaire, d’un mandat d’élu local ou d’une fonction publique». En 2023, les dépenses liées aux ex-chefs de gouvernement ont atteint 1,42 million d’euros, soit une hausse de 11% par rapport à l’année précédente, selon un rapport publié mi-novembre dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025 par la députée Marie-Christine Dalloz (Droite républicaine).

Il faut y ajouter la prime de départ versée aux Premiers ministres après leur sortie de Matignon. L’ordonnance n° 58-1099 du 17 novembre 1958 stipule que chacun d’entre eux «perçoit une indemnité d’un montant égal au traitement qui lui était alloué en sa qualité de membre du gouvernement» pendant une durée de trois mois. Pour en bénéficier, il ne faut toutefois pas avoir repris une activité rémunérée avant l’expiration de ce délai et avoir transmis sa déclaration terminale à la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).

Lequel des anciens Premiers ministres coûte le plus cher à l’Etat ?

Par ailleurs, les anciens Premiers ministres peuvent solliciter une protection policière pour des raisons de sécurité. Elle est assurée par le service de la protection de la police nationale (SDLP). Les crédits correspondants ne sont pas rendus publics et sont gérés par le ministre de l’Intérieur. Toutefois, dans une réponse à une question écrite d’une députée en juin 2020, le ministère a indiqué qu’en 2019, «le coût de la protection des anciens Premiers ministres s’est élevé, pour le service de la protection, à 2 802 903 euros».

Certains tirent davantage profit de ces «privilèges». Le plus dépensier est Bernard Cazeneuve, qui n’a occupé Matignon que pendant cinq mois : en 2023, il a coûté 201 387 euros, selon une réponse écrite du gouvernement publiée en mai 2025. D’autres, comme Jean Castex, ont choisi de renoncer à une partie de ces avantages : en 2023, ses dépenses se sont limitées à 3 607 euros.

Pour Dominique de Villepin, qui continue à bénéficier de ces dispositifs, pour un montant total de 131 210 euros en 2022 (selon le rapport de la députée Marie-Christine Dalloz), il est «tout à fait normal que les Premiers ministres donnent l’exemple». «Il faut (...) mettre cela à plat et faire œuvre de justice», a ajouté l’ex-chef de gouvernement à nos confrères de M6.