50 milliards d'euros, est-ce bien raisonnable ? François Hollande met la question en débat. Ce 27 mars sur le plateau de Télé Matin sur France 2, l'ancien président de la République et actuel député corrézien était en effet invité à s'exprimer sur la question de la défense nationale et européenne. Alors que le gouvernement cherche à réarmer la France face au désengagement militaire des Etats-Unis et aux velléités belliqueuses de la Russie, trouver l'argent nécessaire à l'ambitieux budget de la défense à l'heure où les caisses sont vides pousse d'autres ministères à envisager une réduction de leur propre voilure. Mais pour François Hollande, inutile de se serrer la ceinture : «Nous avons déjà un budget de la défense consistant».

«Le déficit existe, la dette est là», admet l'ancien président, qui y voit «le produit de sept ans de négligences». Mais faut-il dépenser beaucoup plus ? Non : il faut dépenser «un peu plus». Sans exposer les montants qu'il entend par «un peu plus», François Hollande brocarde donc des ambitions budgétaires trop élevées au regard d'une situation financière nationale déjà tendue. Certes, «il y a des menaces, il y a une coordination avec les Européens». Mais le budget de la défense actuel, c'est «plus de 2% de la richesse nationale». Et c'est largement suffisant, estime-t-il.

L'ancien président appelle à ne pas rogner sur les protections sociales

François Hollande poursuit : «Si on dit aux Français "il y a une menace" - et elle est réelle - et "il y a un partenaire défaillant - les Etats-Unis - donc il faut dépenser un peu plus", chacun le comprend». Mais «si on leur dit "il faut dépenser beaucoup plus et au détriment de vos solidarités ou de l'Education nationale", là on crée un sentiment de double inquiétude», extérieure et intérieure, prévient le député, qui appelle donc à «ne pas amputer des budgets essentiels».

L'idée de financer l'effort militaire en rognant sur les dépenses de solidarité a en effet émergé depuis des semaines. Début mars, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, disait envisager un doublement, de 50 milliards à 100 milliards d'euros d’ici 2030, justifiant : «Ce que nous proposons, ce ne sont pas des efforts de guerre. Ce sont des efforts de défense et de dissuasion». Le Premier ministre, François Bayrou, a exclu, pour l'heure, la possibilité de réduire les aides aux Français pour renflouer la défense. Mais certaines personnalités politiques pensent que le système de protection sociale pourrait, à terme, ne pas échapper à ce sacrifice.