
Elles restent minoritaires au sommet. Dans les grandes entreprises françaises, moins de 20 % des postes de direction générale sont occupés par des femmes. Cécile Béliot fait partie de cette poignée de dirigeantes qui ouvrent la voie. Pas besoin de hausser le ton ou de coups d’éclat : elle préfère parler de lucidité, d’équilibre et de stratégie. C'est dans son bureau - une Vache qui rit nous observe dans un coin de la pièce, que la dirigeante nous reçoit pour la série vidéo Les Pionnières du Business :
« Le temps est ce qu’on a de plus précieux. J’ai appris à le respecter, à en faire un outil de leadership. »
Loin de l’image d’un patron omniprésent, elle assume de choisir, dire non, arbitrer. Un pouvoir qui se pense plutôt qu’il ne s’impose. « Le mot pouvoir a mauvaise presse. » Pour elle, c’est un levier pour transformer l’entreprise, pour embarquer les équipes, pour faire évoluer un écosystème. Diriger, c’est incarner une vision et fédérer autour d’elle.
Réinventer le leadership… sans renoncer à soi
Dans un univers encore marqué par des logiques de performance financière et d'ambition attaché à la boutonnière de la veste, le modèle Béliot tranche. Pas par militantisme, mais par conviction profonde qu’on ne dirige bien que si l’on reste alignée.
« J’ai quatre enfants, le plus jeune a huit ans, la plus grande en a vingt-deux. Si je n’ai pas de temps pour eux, je perds mon équilibre. »
Le message est clair : le pouvoir ne se joue plus uniquement dans la conquête, mais aussi dans la qualité de présence, dans la gestion du temps, dans le sens qu’on donne à son action. Une révolution douce mais décisive.
Mentorat et rôle modèle : faire bouger les lignes de l’intérieur
Cécile Béliot n’a pas oublié celles qui l’ont inspirée. Dans son parcours, une femme l'a inspirée tout particulièrement. Elle cite sans détour Myriam Cohen-Welgryn, ex-dirigeante de L’Oréal, comme sa mentor, une femme puissante dans son rôle.
« Une femme extrêmement inspirante » qu’elle aurait aimé interviewer à son tour.
D’autres figures ont compté : Antoine Fiévet, président de Bel pendant vingt ans, ou encore Georges Casala. Des hommes et des femmes qui l’ont conseillée, soutenue, accompagnée dans sa construction de leader. À son tour, elle incarne aujourd’hui un rôle modèle accessible et inspirant. Consciente de l'importance des rôle modèle, elle explique :
"Je ne peux pas devenir ce que je ne vois pas"
Très jeune, elle raconte avoir participé à des programmes de Leadership, et a fait sien un mantra, un code de conduite à applique. Il s'agit du code PIN pour Performance, Image, Network, un triptyque qu'elle conseille aux femmes et aux hommes avec lesquels elle partage son parcours. « Les femmes surinvestissent souvent la performance, mais oublient de travailler leur image et leur réseau. » L’image, ce n’est pas de l’autopromotion, c’est faire savoir ce qu’on fait. Le réseau, ce n’est pas du copinage, c’est s’ouvrir à des mondes différents. Trois dimensions qu’elle considère comme fondamentales et trop souvent négligées.
Chez Bel, la diversité est une politique structurée. Le comité exécutif compte 45 % de femmes, les managers sont à parité, et les leaders féminines représentent 30 % des effectifs — un chiffre en constante progression. Comment ? En s’imposant des règles simples mais efficaces : chaque short-list de recrutement doit inclure des profils diversifiés. Pas de quotas, mais de l’intentionnalité. Le groupe valorise aussi des critères élargis à la posture, au potentiel, à l’alignement avec les valeurs.
Cécile Béliot veille à recruter autrement :
« On ne cherche pas des clones, on cherche des gens qui partagent une vision et qui sont prêts à la faire vivre. »
Cette ouverture permet d’intégrer des profils atypiques, capables d’apporter une vision complémentaire et une richesse d’approche.
Ce que Cécile Béliot nous apprend sur le pouvoir
Elle ne le revendique pas, elle l’exerce. Avec calme, vision et constance. Cécile Béliot montre que l’on peut diriger sans dominer, impulser sans crier, durer sans s’épuiser. Dans un monde en quête de sens, ce type de leadership pourrait bien être l’avenir. Moins spectaculaire, mais plus solide. Moins vertical, mais plus inspirant.
🔎 À retenir :
- Une des rares femmes DG d’un grand groupe familial français
- Un leadership féminin assumé, centré sur le temps, l’arbitrage, l’équilibre
- Une transformation du pouvoir vue comme un levier d’impact, pas une fin en soi
- Une posture de dirigeante alignée, inspirée… et inspirante



















