C'est dans le showroom de Bompard que nous reçoit Laurence Levy. Un univers feutré où se préparent les prochaines collections. Formée à HEC, diplômée en 2005, Laurence Lévy a très tôt eu des envies d'international. C'est à New York, chez Coty, qu'elle affute ses armes. Une expérience fondatrice : « Ce stage, je suis allée le chercher, explique-t-elle. Il m’a montré que ce qui compte, ce n’est pas tant l’endroit où l’on vit que la dimension des projets qu’on mène. » Elle garde de cette période un goût prononcé pour les environnements internationaux, qu’elle cultive ensuite chez L’Oréal, où elle restera dix ans.

Au sein du géant des cosmétiques, elle occupe des postes très variés – commerce, marketing, direction de business unit – sans avoir forcément coché toutes les cases au départ. « On m’a fait confiance pour apprendre en marchant », dit-elle. Une trajectoire qui ne doit rien au hasard mais beaucoup à l’audace, au réseau, et à la capacité de bouger vite. « C’est une entreprise où il faut aller chercher les choses. »

Mais au bout de dix ans, une nouvelle aventure s’impose à elle. Dans ces bagages, une sacrée expérience. Elle quitte L’Oréal pour relever un autre défi. Une prise de risque bien sûr, mais surtout une opportunité.

À la tête de Bompard, une dirigeante au contact du réel

Depuis un peu plus d'un an, Laurence Lévy dirige une marque à forte notoriété mais aussi, dans un secteur en pleine transformation, confrontée à une intensité concurrentielle nouvelle sur le marché du cachemire. « Le contexte a changé. Aujourd’hui, tout va plus vite, tout se joue dans l’agilité. On ne peut pas se reposer sur l’héritage de marque. »

Chez Bompard, elle imprime sa marque : proximité avec les équipes, présence régulière en boutique, attention au détail produit. « Je crois au leadership opérationnel. Aller en point de vente, faire de la vente, regarder les rayons, c’est indispensable. » Ce qui lui importe ? Que chacun dans l’entreprise comprenne le cap, mais aussi pourquoi il compte. « Ce n’est pas un projet de transformation descendante, mais collective. On construit ensemble. »

Le leadership au féminin, sans posture militante

L’entreprise compte aujourd’hui un comité de direction majoritairement féminin. Une singularité qu’elle accueille avec naturel. « Ce n’est pas un choix volontaire, ni un sujet pour nous. Et c’est ça, finalement, qui fait bouger les lignes. » Elle-même mère de trois enfants, Laurence Lévy refuse l’idée que la vie personnelle soit un frein à une trajectoire de direction. « Je ne l’ai jamais considéré comme une contrainte. Aujourd’hui, les mentalités ont changé. Les jeunes générations n’ont plus les mêmes blocages. »

Le rôle du dirigeant, selon elle ? Combiner stratégie et engagement personnel, vision et exécution. Et surtout, accepter de se remettre en question. « Il faut créer les conditions d’une parole libre autour de soi. Le regard neuf d’un junior peut parfois faire bouger plus de choses qu’un audit. »