C’est la fin du suspens. Après des semaines de négociations, les États-Unis et l’Union européenne sont parvenus, ce dimanche 27 juillet, à un accord sur les droits de douane. Alors que Washington faisait planer une menace de taxe douanière de 30% sur les produits importés aux États-Unis depuis l’Europe, l’administration Trump a finalement plafonné la hausse à 15%. Heureux dénouement ? Pas vraiment. Jusqu’ici, les taxes oscillaient entre 3 et 5%. Autrement dit, c’est la douche froide.

Côté français, l’ambiance est morose. Le Premier ministre François Bayrou, a annoncé que la journée de dimanche, était un «jour sombre» et que l’Union européenne s’est résolue à «la soumission» face au géant américain.

«Par peur, l’Europe a capitulé. C’est une très mauvaise nouvelle. Une défaite», déplore Christian de Boissieu, vice-président du cercle des économistes. Si l’aéronautique sort (miraculeusement) indemne, d’autres secteurs vont payer cher. Très cher. L’acier et l’aluminium ? 50% de droits de douane. La pharmacie, auparavant exonérée, devra désormais s’acquitter d’un joli 15%. Et ce n’est pas fini : le luxe, les cosmétiques, les vins et spiritueux pourraient aussi être touchés, même s'ils sont pour l’heure dans une zone grise. «Le vin est devenu un sujet politico-sensible. Nous défendons nos appellations et les Américains leur bourbon. Mais il y a de grandes chances pour qu’un accord inférieur à 15% soit trouvé», explique l’économiste.

Un sérieux risque pour les PME

Et qui va absorber cette note douloureuse ? Les entreprises multinationales, plus résilientes et mieux armées devraient pouvoir encaisser en prenant sur leurs marges. En revanche, le sort des PME et des ETI est plus problématique. «Elles ont une trésorerie fragile et les défaillances sont nombreuses», ajoute-t-il. Certaines n’auront pas d’autre choix que de répercuter ces hausses sur le prix consommateur. Conséquence ? «C’est toute la croissance mondiale qui va trinquer», analyse Christian de Boissieu.

Réunion de crise à Bercy le 30 juillet

Alors que les bourses mondiales accueillent fraîchement cet accord, Bercy convoque les grands acteurs économiques français le mercredi 30 juillet. Autour de la table : le ministre de l’Économie Marc Ferracci, Véronique Louwagie (Commerce & Artisanat), Clara Chappaz (Numérique & IA), Laurent Saint-Martin (Commerce extérieur). Parmi les fédérations qui ont répondu présent : le Medef, la CPME, les fédérations industrielles, les représentants des services financiers, les représentants des PME et du commerce et du numérique. Objectif ? Évaluer les impacts, colmater les brèches, et tenter de limiter la casse pour les filières les plus exposées.