Le projet avait tout pour faire rêver : 82 logements dont plus de la moitié en accession privée, un duplex de 259 m² aux derniers étages avec 80 m² de balcon et vue sur la tour Eiffel, le tout dans le XVe arrondissement, quai de Grenelle. Mais aujourd’hui, ce projet immobilier de luxe est à l’abandon, explique Le Parisien. Pourtant, en 2022, tout avait été fait pour que le projet aboutisse rapidement. Un promoteur immobilier, Capelli, avait racheté un bâtiment industriel appartenant à Renault. Mais aujourd’hui, la façade est toujours intacte.

Il reste bien des traces du projet, comme une bâche promettant «une adresse inédite avec des vues exceptionnelles» ainsi qu’une maquette à l’intérieur du bâtiment. Mais rien de plus. Pourtant, la livraison du projet devait intervenir fin 2025, mais rien n’a avancé et aucune date de début de travaux n’est même évoquée. Contacté par Le Parisien, le promoteur Capelli n’a pas souhaité répondre, contrairement à son ancien associé, la société Imm’Extenso qui évoque «deux erreurs majeures». Son patron, Olivier Touitou les détaille auprès de nos confrères.

Une commercialisation lancée trop tôt ?

La première est d’avoir lancé la commercialisation avant que le permis de construire «ne soit purgé», avance-t-il. Résultat : des habitants ont lancé un recours, et un accord a été conclu portant sur un versement de 1,2 million d’euros. «Sauf que la somme n’a jamais été payée», ajoute le dirigeant. La deuxième erreur, selon lui, est le prix d’achat du garage Renault, évalué à 64 millions d’euros, un tarif jugé «très cher» par le maire de l’arrondissement, Philippe Goujon.

En plus, il faut compter les frais liés à la construction et ceux pour la création des logements sociaux. Résultat : les prix de vente annoncés étaient faramineux allant de 12 500 euros le mètre carré à 35 000 euros, soit 10,5 millions d’euros pour le fameux duplex. Un autre élément peut expliquer pourquoi les futurs investisseurs ou propriétaires ont pu avoir des doutes : la création de pensions de famille. Il s’agit de logements destinés à accueillir des sans domicile fixe (SDF) ou des célibataires, pour une durée illimitée, rappellent nos confrères.

Le promoteur en difficultés financières

De tels logements à côté de certains valant plusieurs millions d’euros… «On peut facilement imaginer que, vu le prix des prestations, les futurs acheteurs n’étaient pas vraiment convaincus par un tel voisinage», décrypte Olivier Touitou. Enfin, le promoteur subit de graves difficultés financières depuis deux ans. Ainsi, toutes les sociétés en charge du projet ont été placées en redressement judiciaire. De son côté, Imm’Extenso a jeté l’éponge. Mais le projet sera-t-il abandonné ? Les prix annoncés il y a trois ans sont-ils toujours valables ? Un grand groupe prendra-t-il le relais ? Autant de questions en suspens.