
Et si Marseille et Paris avaient plus en commun qu’il n’y paraît ? La cité phocéenne a emboîté le pas à la capitale sur sa politique de location courte durée. Dans un communiqué daté du 17 février, la mairie du socialiste Benoît Payan a annoncé avoir limité le nombre de jours disponibles à la location des résidences principales en meublé touristique. «J’ai toujours dit qu’à Marseille, nous aurons la réglementation la plus stricte et la plus forte de France pour lutter contre les meublés de tourisme», rappelle l’élu dans le communiqué. Clément Eulry, directeur général France et Belgique d’Airbnb, a, dans un communiqué, jugé que cette mesure «ne résoudra pas la tension du logement» et «pénalise des familles qui comptent sur ces revenus pour améliorer leur pouvoir d’achat, et les commerces locaux pour qui le tourisme est essentiel».
Pour encadrer ces locations touristiques de courte durée - type Airbnb ou Abritel -, Marseille a réduit le plafond de nuitées pour les résidences principales en meublé touristique, le diminuant d’un quart, de 120 à 90 jours par an. Les propriétaires de la cité phocéenne qui dépasseraient ce quota s'exposent à une amende de 15 000 euros. La question d’une réduction du nombre de nuitées autorisé est également en discussion dans la ville d’Avignon pour janvier 2026. Ces annonces ne sont pas anodines et s’inscrivent dans un contexte de tension sur le marché immobilier. Le législateur s’est même emparé du problème. Face à la pénurie de logements, la loi «anti-Airbnb», promulguée le 20 novembre 2024, incite les bailleurs à privilégier la location de longue durée au détriment des meublés touristiques.
Ces villes qui durcissent la réglementation des meublés touristiques
Depuis 2025, toutes les communes peuvent limiter à 90 jours par an la durée maximum pendant laquelle les résidences principales peuvent être louées à des touristes. Le Conseil de Paris n’a pas attendu bien longtemps et a abaissé, dès janvier, le plafond de location des résidences principales de 120 à 90 nuitées par an. L’objectif : récupérer des milliers de logements pour le marché locatif traditionnel et limiter les fraudes. Pour rappel, la législation encadre déjà ces pratiques : une résidence principale ne peut être louée sur Airbnb ou une autre plateforme de location courte durée plus de quatre mois par an. Une résidence principale devant être occupée par son propriétaire ou locataire durant au moins huit mois.
Annecy, ville très prisée des touristes, a décidé d'aller encore plus loin. Comme le rapporte France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, à compter de juin, un quota maximal de 2 660 logements meublés sera appliqué, selon une mesure adoptée par le conseil municipal. Par ailleurs, les autorisations de location ne seront valables que pour quatre ans et limitées à une seule personne physique ou morale. Une manière pour la municipalité de contenir l'essor des locations saisonnières qui réduisent l'offre pour les habitants. Une mesure à laquelle adhère Clément Eulry, qui indique que la plateforme Airbnb «soutient la mise en place de règles proportionnées et ciblées, à l'image des quotas par quartier mis en place à Annecy».
L’instauration de quotas face à la pénurie de logements
La récente loi dite «anti-Airbnb» offre aux maires des outils pour mieux réguler ces locations temporaires. Christian Estrosi, maire de Nice (Horizons), s’est félicité des nouvelles dispositions adoptées par le Parlement. L’élu déclarait en novembre dernier sur l'émission de France 3 Côte d'Azur Dimanche : «Je me réjouis que le Parlement ait pris de très bonnes dispositions qui viennent aider les maires, qui comme moi, sont décidés à faire baisser au moins de 50% (l’offre de locations Airbnb, NDLR)».
D’autres villes comme Saint-Malo ont également gagné leur bras de fer contre les propriétaires privés. Confrontée à la raréfaction des logements pour les résidents et à la hausse des prix, la cité corsaire a mis en place un système de quotas. La mairie bretonne a instauré quatre zones géographiques. Dans le centre historique, seuls 12,5% des logements peuvent être mis en location meublée de courte durée. L’Île de Ré entend également fixer un «plafond» pour les meublés touristiques à compter du 1er juin 2025.




















