Les Français se passionnent pour les panneaux solaires. En 2023, le gestionnaire du réseau d’électricité, Enedis, dénombrait précisément 440 045 sites produisant une partie de l’électricité qu’ils consomment. Le phénomène d’autoconsommation prend ainsi une ampleur considérable car en seulement un an, ce chiffre a augmenté de 84%, et même de 99% si l’on retient la puissance cumulée des installations photovoltaïques sur le territoire.
Bien sûr, l’impératif écologique de décarbonation de nos logements joue un rôle important dans la décision des ménages. Mais c’est aussi dans une optique d’investissement que les Français sautent le pas. En un an, les tarifs réglementés de vente (TRV) de l’électricité ont bondi de près de 40%. Et produire son électricité à partir des rayons du soleil sera toujours moins onéreux que de l’acheter auprès de votre fournisseur.
«L’investissement dans le photovoltaïque est rentable partout en France, et il faut moins de 10 ans pour amortir la somme dépensée au départ», promet Jean Rosado, le directeur général de l’entreprise Otovo, spécialiste du secteur. Sachant que les panneaux solaires ont une durée de vie assurée de 30 ans, la culbute sera donc certaine.
L’achat est le format d’acquisition plébiscité par les ménages. Si vous êtes propriétaire d’une maison et comptez vous lancer dans cet investissement, gardez en tête que vous devez remplir quelques conditions pour maximiser votre gain. D’abord, habiter une région ensoleillée et orienter vos panneaux vers le sud pour bénéficier d’une production électrique maximale
Le taux d’autoconsommation, variable clé
C’est cependant votre taux d’autoconsommation, c'est-à-dire la part de l’électricité produite que vous êtes en mesure de consommer en direct, qui détermine la rapidité de votre retour sur investissement. Car l’électricité non consommée est rachetée durant 20 ans à un prix fixe, actuellement deux fois moins élevé que les TRV, par EDF, Ekwateur ou encore Enercoop. «Le prix de rachat de l’électricité n’est pas forcément incitatif mais il n’a pas besoin de l’être. Une installation photovoltaïque a pour but d'optimiser l’autoconsommation», rappelle Jérôme Mouterde, fondateur du fabricant de panneaux solaires DualSun. «Lorsqu’on fait passer son taux d’autoconsommation de 30 à 50% en changeant ses habitudes de vie, on gagne plusieurs années de retour sur investissement», confirme Nicolas Jezequel, directeur des opérations chez le fournisseur Enercoop Pays de la Loire. Entre autres : reprogrammer son ballon pour qu’il puisse chauffer l’eau en même temps que la production solaire, ou recharger sa voiture électrique en journée.
L’investissement dans le photovoltaïque est rentable partout en France, et il faut moins de 10 ans pour amortir la somme dépensée au départ.
Une fois ces réflexes en tête, vous pouvez vous lancer dans votre projet. Mais pour quelle rentabilité ? C’est la question que nous avons posée à DualSun. Le producteur français de panneaux photovoltaïques a fourni à Capital des simulations précises pour mesurer le temps de retour sur investissement, en considérant que les panneaux étaient orientés de 30 degrés vers le sud pour optimiser la production électrique.
Pour obtenir ces résultats, nous avons tablé sur deux hypothèses majeures. D’abord, une augmentation des tarifs réglementés de vente de l’électricité de 4% par an durant la détention de vos panneaux. Une conjecture plutôt prudente car, à titre de comparaison, entre août 2010 et août 2020, la hausse moyenne annuelle a atteint 2,5%. Depuis, la crise énergétique est passée par là. Et en seulement 2 ans, les tarifs réglementés ont augmenté de plus de 40%. Ainsi, et au vu des investissements nécessaires dans le système électrique français pour assurer la transition énergétique, il y a fort à parier que la hausse soit plus élevée que les 4% retenus par an en moyenne.
Cette variable est centrale. Plus l’augmentation des TRV de l'électricité sera grande, plus vos gains seront importants, le coût de production de votre électricité restant stable. Les gains affichés dans les tableaux ci-dessous ne sont donc pas surévalués.
Deux types de panneaux solaires
Le second critère à prendre en compte, comme nous l'avons expliqué plus haut, est le taux d'autoconsommation. Vos gains sont proportionnels à cette variable. Et contrairement aux tarifs réglementés de vente de l’électricité, vous avez la main sur ce paramètre. Vous pouvez donc programmer à votre guise vos appareils électroménagers pour qu’ils fonctionnent durant les heures de production de vos panneaux. Le taux d’autoconsommation moyen des clients de DualSun s’établit à 50%. Mais lors de la pose de vos panneaux, vous pouvez demander l’installation d’un boîtier permettant de rediriger l’énergie excédentaire - votre production à l’instant t étant supérieure à votre consommation - vers la résistance du ballon d’eau chaude de votre maison. Ce qui permet d’atteindre un taux d’autoconsommation de 75%, selon DualSun.
Pour les ménages aux budgets plus conséquents, nous avons ajouté une seconde option d’investissement, environ deux fois plus onéreuse : les panneaux hybrides. En plus de produire de l’électricité sur l’une de ses faces, ce panneau est aussi capable de transporter la chaleur émise par le soleil vers votre chauffe-eau. Ce dernier est d’ailleurs remplacé par l’artisan pour laisser place à un chauffe-eau solaire flambant neuf.
Résultats : un ménage de 4 personnes, bien qu’habitant la faiblement ensoleillée région lilloise, mettra seulement 10 ans à amortir les 7 000 euros investis au départ (une fois les aides - primes à l’installation et certificats d’économies d'énergie - déduites). De 10% les 10 premières années, la rentabilité moyenne annuelle des panneaux photovoltaïque s’élèvera même à 12%. Ainsi, sa facture annuelle d'électricité de 2 107 euros plongera par exemple de 34% (-713 euros) pour finalement atteindre 1 394 euros en moyenne sur les 5 premières années.
S’il opte pour des panneaux photovoltaïques hybrides, l’investissement de départ - environ 11 500 euros - sera amorti en seulement 9 ans. D’une part car ce ménage lillois très modeste est éligible aux 2 500 euros de subventions MaPrimeRénov’, et surtout car les économies d’électricité réalisées approchent la barre des 60%.
Si vous avez la chance d’habiter des régions plus propices à la production d’énergie solaire, les gains sont démultipliés. A Marseille, les économies réalisées sur la facture d’électricité grâce à des panneaux photovoltaïques, et à paramètres constants, atteignent 66%. La rentabilité des panneaux s’en voit donc dopée, atteignant 21% par an, et le temps de retour sur investissement réduit à 6 ans. L’option plus onéreuse, qui consiste à installer des panneaux hybrides, permet même d’obtenir… 81% d’économies par an. Et d’amortir ce la somme déboursée au départ en 7 ans.
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