Nouveau coup de rabot pour les agents publics. A partir du 1er mars, les fonctionnaires en arrêt maladie verront leur rémunération amputée : au lieu d’être indemnisés à 100% de leur salaire pendant les trois premiers mois, ils ne percevront plus que 90% de leur traitement. Passé ce délai, en revanche, les règles restent les mêmes : un demi-traitement sera versé pour les neuf mois suivants en cas d’arrêt prolongé. Si le Conseil commun de la fonction publique (CCFP) avait émis un avis défavorable sur le sujet, cela n’a pas suffit à faire fléchir le gouvernement.

Car l’exécutif est bel et bien décidé à lutter contre l’absentéisme dans la fonction publique. L’idée ? Inciter les agents à limiter leurs absences de courte durée en rognant directement sur leur fiche de paie. Car selon l'édition 2024 du rapport annuel sur l'état de la fonction publique publié en novembre dernier, les fonctionnaires ont été plus souvent absents que les salariés en 2023 – en moyenne 14,5 jours contre 11,7 jours. Un absentéisme qui s’est cependant nettement amélioré (-5,2%) en 2023, et davantage que dans le secteur privé (-3,8%).

Cette mesure devrait permettre à l'exécutif de réaliser pas moins de 900 millions d'euros d'économies sur un an, selon les inspections générales des finances (IGF) et des affaires sociales (Igas). Un coup de frein bienvenu alors que les dépenses liées aux indemnités journalières ont plus que doublé depuis 2017, atteignant un montant record de 17 milliards d’euros en 2024. Serrer la vis, donc, mais à quel prix ? Calculette en main, Luc Ferré, secrétaire général de l’UNSA Fonction publique, évalue la perte nette sur votre fiche de paie dès le 1er mars, selon votre salaire et la durée de votre arrêt.

Presque 200 euros en moins sur les plus petits salaires pour un arrêt de courte durée

Prenons d'abord l'exemple d’un fonctionnaire payé au salaire moyen de la fonction publique, soit 2 431 euros net par mois. Jusqu’ici, s’il tombait malade et s’arrêtait 10 jours, il percevait 2 349,97 euros sur l’ensemble du mois, malgré la journée de carence. Mais à partir du 1er mars, pour un même arrêt, son salaire net ne sera plus que de 2 277,04 euros. Résultat : une perte sèche de 73 euros. Et plus l’arrêt s’allonge, plus la facture grimpe. Pour 30 jours d’arrêt, ce même fonctionnaire perdra ainsi 235 euros sur son traitement mensuel.

Les fonctionnaires les moins bien rémunérés ne seront eux non plus pas épargnés. Avec un salaire net de 2 000 euros, la perte sur un arrêt maladie de 10 jours atteindra 60 euros. S’il est arrêté un mois entier, ce fonctionnaire perdra même jusqu’à 193,33 euros net. Une mesure «injuste» à laquelle s’oppose logiquement l’UNSA Fonction publique : «Aucun agent ne choisit d’être malade ou accidenté.» «Ce n’est pas aux agents ni aux militaires malades de financer encore le déficit budgétaire de notre pays», martèle son secrétaire général.