L’Executive MBA présente de réels atouts pour des cadres qui souhaitent réorienter ou booster leur carrière. A condition toutefois de choisir le programme qui correspond à leurs aspirations. Nos cinq conseils pratiques pour y parvenir.
1 - Interrogez-vous sur votre objectif
Au regard de leur coût et de l’engagement qu’ils requièrent, les Executive MBA (ou EMBA) se font rarement sur un coup de tête. Ils doivent s’inscrire dans un véritable projet qui peut prendre des formes très différentes : mettre à jour des compétences business acquises il y a vingt ans, développer son leadership pour accéder à des fonctions stratégiques, acquérir toutes les compétences et le réseau nécessaires au développement d’un projet entrepreneurial… «Les ingénieurs et les profils scientifiques ont souvent abordé le management et le marketing de façon intuitive, observe Benoît Heilbrunn, directeur académique des MBA de l’ESCP. A l’aube de leur deuxième partie de carrière, ils ressentent le besoin de renforcer ces compétences ou d’en acquérir de nouvelles, en finances par exemple.»
Quel que soit votre projet, il doit être mûrement réfléchi et explicité lors du processus de sélection : «Je veux m’assurer que le candidat sait ce qu’il attend de nous, insiste Chahndra Dal Pont, directrice des programmes MBA à Grenoble Ecole de management (GEM). C’est une étape essentielle du process de sélection.» «Le candidat doit être capable de se projeter dans la suite de sa carrière pour nous dire où il se voit dans les cinq à dix ans à venir», confirme Véronique Carresse, directrice du programme de l’EMBA de l’Edhec.
2 - Menez votre propre étude de marché
Quand il s’agit de choisir son EMBA, les classements internationaux, l’image de marque de l’école et bien entendu le prix sont des critères essentiels. Mais ils ne suffisent pas à choisir le programme qui vous ressemble. C’est en menant une véritable étude de marché et en interrogeant des alumni (anciens élèves) de son réseau que Solveig Le Pichon a choisi l’EMBA de l’Edhec. «Cette école est née dans le Nord, explique Véronique Carresse. Nous avons tissé des relations fortes avec les entreprises de la région, dans le domaine de la santé et de l’innovation notamment.» Cet ancrage territorial est partagé par l’Emlyon et Grenoble EM, qui proposent des spécialisations en lien avec le tissu économique local : le développement des PME en région lyonnaise, la microélectronique, l’énergie et l’innovation à Grenoble.
D’autres programmes se distinguent par leur culture managériale : «Notre marque de fabrique, c’est le travail collaboratif», explique Claire Szlingier, directrice associée du recrutement des programmes MBA et EMBA de l’Essec. Les profils plus solitaires n’y trouveront pas leur compte. Quant à l’ESCP, elle défend les valeurs humanistes et l’esprit critique de l’éducation à la française : «En ces temps où les émotions et les opinions comptent plus que les faits, nous voulons former des managers capables de penser le monde et le rôle de l’entreprise», insiste Benoît Heilbrunn.
15 Executive MBA au banc d’essai
3 - Choisissez le rythme qui vous convient
A l’Emlyon, il est possible de suivre un Executive MBA à son rythme : « Le format Part Time, à raison de 3 à 4 jours par mois sur une durée de 20 à 26 mois, est choisi par 60% des participants car il leur permet de poursuivre leur activité professionnelle à plein temps, explique Stéphanie Ousaci, directrice exécutive des programme MBA. C’est plus difficile avec la formule Fast Track (le même programme concentré sur 12 mois), qui n’est choisi que par 10% des participants. Les 30% restants préfèrent la formule On Line sur 17 à 30 mois : elle propose des temps de présence collective mais le distanciel donne davantage de flexibilité dans l’organisation.» Tous les EMBA ne proposent pas la même variété de formats.
Mais la question du rythme et de sa compatibilité avec la poursuite d’une activité professionnelle est fondamentale : «A défaut de soutenir financièrement leur cadre dans ce projet, certaines entreprises leur accordent un peu de temps disponible pour le mener à bien», explique Claire Szlingier (Essec). En tout état de cause, «nous déconseillons de s’engager dans un tel projet sans l’accord de son employeur, ajoute Véronique Carresse (Edhec). ll est possible de mobiliser ses congés pour suivre tous les cours présentiels. Mais tenir le rythme sur 18 mois finit par être épuisant.»
MBA ou Executive MBA ?
Similaires dans leurs objectifs, le MBA (Master of Business Administration) et l’Executive MBA ne visent pas le même public : le premier est destiné aux jeunes cadres d’une trentaine d’années désireux de donner un coup d’accélérateur à leur carrière. L’EMBA s’adresse à des cadres plus seniors : ils ont en moyenne 40 ans, avec une quinzaines d’années d’activité professionnelle et déjà une solide expérience du management.
Ces deux cursus ont toutefois bien des points communs : ils sont de culture très internationale, avec une bonne moitié de participants étrangers et des enseignements en anglais. Ils privilégient de surcroît les études de cas et les travaux de groupe. Mais là où le MBA garde une approche très académique, l’EMBA privilégie les échanges entre pairs et l’accompagnement individuel, avec du coaching et du mentorat.
De plus, l’EMBA est pensé pour s’intégrer dans l’activité professionnelle des participants. Contrairement au MBA, il est donc rarement à temps plein mais plutôt sur des formats courts (autour de trois jours par mois), avec des séminaires à l’étranger et une importante charge de travail : «Il faut compter trois heures de lectures et de travail personnel pour une heure de cours», prévient Chahndra Dal Pont, directrice des programmes MBA de Grenoble Ecole de management. Mener de front un EMBA avec son activité professionnelle requiert donc un véritable engagement et une solide organisation.
4 - Ne sous-estimez pas la dimension personnelle de cette expérience
S’engager dans un EMBA, c’est accepter de questionner ses certitudes : «Il faut vraiment avoir une volonté de transformation personnelle, estime Véronique Carresse. C’est d’ailleurs le principal motif de satisfaction exprimé par les diplômés de notre programme : à son issue, ils ont le sentiment d’avoir gagné en énergie, en confiance en eux, en légitimité…»
Ces bénéfices s’ancrent, bien entendu, sur un socle de compétences académiques. Mais ils vont bien au-delà. Chahndra Dal Pont (GEM) parle de «changement systémique : «Les participants affirment leur leadership, acquièrent une vision globale de l’entreprise, deviennent capables de traduire cette vision stratégique en enjeux financiers, marketing ou commerciaux…»
5 - Ayez une vision globale du retour sur investissement
Les bénéfices d’un MBA s’évaluent généralement en termes de rémunération : + 60 à 100% dans les trois ans suivant le programme. Dans le cas des Executive MBA, le retour sur investissement est moins aisément quantifiable : «Pour ceux qui se réorientent ou se lancent dans l’entrepreneuriat, la réussite ne se chiffre évidemment pas en gain salarial, explique Véronique Carresse (Edhec). Mais pour ceux qui restent dans la même entreprise, l’EMBA reste un accélérateur de carrière.» Si l’on se réfère au classement du Financial Times, le gain salarial dépasse rarement 60% : il est donc inférieur au gain promis par un MBA, mais c’est assez logique si l’on considère que les participants sont plus avancés dans leur carrière, avec un niveau de revenus déjà élevé.
La véritable valeur ajoutée de ce type de programme se situe néanmoins du côté des soft skills (vision stratégique, leadership) et du réseau : «Nous sommes très attentifs à la constitution des cohortes, explique Claire Szlingier (Essec), les travaux collectifs font de ce cursus une véritable expérience humaine. » Certains groupes restent liés pendant des années : «L’effet réseau fonctionne parce que les participants relèvent des challenges ensemble», commente Chahndra Dal Pont. A Grenoble, ces challenges prennent la forme d’études de cas ou de randonnées en raquettes. L’un et l’autre créent des liens profonds : c’est ce qui fait la force d’un réseau.
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