MBA : dans le monde de l’entreprise, ce sigle de trois lettres n’a jamais cessé de faire rêver. Il est vrai que le Master of Business Administration demeure un tremplin éprouvé pour donner une nouvelle impulsion à sa carrière, voire effectuer ce fameux «triple jump» qui consiste à changer de fonction, de secteur et de zone géographique à l'issue du diplôme. Mais une fois la décision prise d’emprunter cette voie, comment choisir celui qui vous conviendra le mieux ? La question est complexe : contrairement au master, le MBA est une appellation non contrôlée en voie de prolifération.
Rien qu’en France, on recense une bonne centaine de MBA et de EMBA (Executive MBA, réservés aux professionnels expérimentés), tous formats confondus. Et bien sûr, tous ne recouvrent pas la même réalité ni n’offrent les mêmes perspectives. Pour vous aider à vous repérer dans cette jungle, nous avons listé les critères à prendre en compte avant de signer pour ce type de cursus d’excellence. Des critères qui doivent évidemment être pondérés en fonction des aspirations de chacun.
1. Checker les accréditations
Les accréditations internationales (AACSB, EQUIS, AMBA) qui prennent en compte la qualité du corps enseignant, du contenu académique et de l'expérience étudiant constituent autant de gages de sérieux. Ainsi avec l’AACSB américaine (Association to Advance Collegiate Schools of Business), le processus d'accréditation initial du MBA prend de trois à cinq ans et inclut une phase d'autoévaluation approfondie, complétée par l'avis de pairs et de commissions dédiées. L’accréditation est ensuite remise en jeu tous les cinq ans.
L'EQUIS (European Quality Improvement System), qui évalue les écoles de commerce sur des critères tels que la gouvernance, les programmes, les étudiants, le corps enseignant, la recherche, l'internationalisation, l'éthique, la responsabilité et la durabilité, fonctionne sur les mêmes principes. Enfin l'AMBA (Association of MBAs) se focalise sur l’évaluation des seuls MBA.
Les établissements concernés peuvent solliciter un ou plusieurs de ces labels mais du fait de la lourdeur et du coût des procédures, moins de 1% des MBA dans le monde affichent la «triple couronne» ou «triple accréditation». C’est le cas en France des MBA les plus prestigieux qui arrivent en tête des classements.
2. Analyser les classements
En parallèle des accréditations, vous pouvez analyser la place qu’occupe le MBA visé dans les classements. Référence mondiale, celui du Financial Times (FT) fondé sur de multiples critères (progression de carrière, qualité de l'enseignement, de la recherche, mobilité internationale…) répertorie chaque année les meilleures formations full-time MBA et EMBA. Celles-ci doivent au minimum être accréditées par l’Equis et l’AACSB pour être prises en compte. En format full-time, 8 business schools françaises figurent dans l’édition 2024, dont 2 dans le top 20 (Insead à la deuxième place et HEC Paris à la douzième). Les MBA de l’EM Lyon et de l’Essec affichent, quant à eux, les plus fortes progressions, gagnant respectivement 19 et 16 places.
Cela dit, ne vous limitez pas au classement brut. Ainsi le FT analyse la progression de carrière trois ans après la sortie de l’école en y intégrant l’évolution de la rémunération, ce qui permet de calculer le retour sur investissement au regard de ce qu’a coûté le MBA. Et là, au vu du rapport qualité-prix, la hiérarchie se trouve modifiée : le MBA de l’ESCP arrive au second rang mondial et au premier rang français devant Audencia et l’Edhec. En plus du retour sur investissement, le FT classe aussi les MBA selon la place qu’ils accordent aux enseignements dédiés à la RSE, à la gouvernance et aux solutions déployées par les établissements pour atteindre la neutralité carbone. Et sur ce critère, l’ESCP et l’Edhec squattent la tête du classement français.
En dehors des MBA et EMBA accrédités et donc classés, vous pouvez trouver quelques formations de ce type valables dans le champ universitaire, qui dispose de son propre système de certification. Voire dans le privé, pour peu que les formations concernées se spécialisent sur des créneaux porteurs.
3. Étudier le processus de sélection
Selon les établissements, vous serez plus ou moins poussé dans vos retranchements lors des épreuves de sélection. Cela vaut dès le dossier de candidature. Le score minimal qui peut être exigé à divers tests (GMAT, GRE, TOEFL, IELTS…), le nombre de lettres de recommandation et d’entretiens sont à géométrie variable. Selon votre niveau académique, votre parcours professionnel et vos moyens financiers, votre choix s’orientera vers un MBA ou un EMBA plus ou moins sélectif et/ou coûteux.
4. Evaluer la charge financière
Pour les MBA les plus prestigieux, comptez entre 50 000 et 100 000 euros de frais de scolarité, auxquels s’ajoutent les dépenses courantes (logement, transports), évaluées à 25 000 euros, par exemple, pour un étudiant d’HEC pour l’ensemble de son cursus de seize mois. Sans oublier de douze à dix-huit mois sans salaire si vous mettez votre carrière entre parenthèses pour suivre un MBA à temps plein. Heureusement, des aides financières sont possibles : à l’Insead, 36% des étudiants ont bénéficié d’une bourse d’un montant moyen de 21 000 euros. De plus, les 500 euros annuels de votre compte personnel de formation (CPF), cumulables sur dix ans, peuvent être mobilisés.
Une participation du fonds de formation de votre branche professionnelle (l’opérateur de compétences) est également possible. L’idéal reste néanmoins de faire financer le cursus par son employeur. Pas gagné mais possible. En contrepartie, une fois diplômés, les bénéficiaires doivent souvent s’engager à demeurer un minimum d’années dans l’entreprise. Sous peine de se voir exiger le remboursement des sommes réglées par leur employeur.
5. Mixer format et durée du programme
Ne faites pas l’autruche : se lancer dans un MBA impose une lourde charge de travail, donc de réduire ses loisirs, d’être moins présent pour sa famille durant sa scolarité. Échangez avec votre entourage, votre conjoint… afin que chacun ait bien conscience des enjeux et des bouleversements à venir. De plus, les MBA à temps plein qui durent une dizaine de mois requièrent une pause dans votre carrière et donc sollicitent l’approbation de votre employeur si vous êtes en poste, à moins de vous lancer entre deux emplois.
Les formats à temps partiel et Executive qui s’échelonnent de dix-huit à vingt-quatre mois avec des cours le soir et le week-end, une part importante d’enseignements en distanciel, sont en revanche compatibles avec une activité professionnelle. Cela dit, même dans ce cas de figure, le critère géographique est également capital. Mieux vaut résider et travailler à proximité de l’école pour éviter de perdre trop de temps.
6. Croiser contenu et spécialisations
Evidemment, la teneur du programme doit être en adéquation avec vos objectifs professionnels, sachant que les MBA couvrent l'ensemble des domaines du management mais se singularisent avec des spécialisations plus ou moins pointues. Par exemple, par secteur ou domaine (RSE, finance, marketing…), voire par leur approche. Ainsi le MBA Spécialisé Digital Marketing & Business de l'EFAP mise sur une «majeure beauté et cosmétiques» qui l’a amené à s’associer à la «Cosmetic Valley» rassemblant les grands acteurs du secteur comme L’Oréal.
De son côté, l’EMBA Celsa Sorbonne insiste sur sa «vocation à former non seulement de bons gestionnaires et managers, mais aussi des leaders dans la transformation des entreprises», explique son codirecteur Arnaud Le Gal. Une vocation naturelle, sachant que la gestion du changement implique des compétences en communication et en gestion des ressources humaines, deux points forts du Celsa.
Les méthodes pédagogiques proposées requièrent également votre vigilance. Certains MBA mettent l'accent sur les études de cas et d'autres sur des projets de groupe. A vous de voir ce qui vous sied le mieux. Enfin la quête de sens, les valeurs transmises à travers les programmes prennent de l'importance, affirme Sandra Richez, directrice du Global MBA de l’Edhec : «Lors des entretiens, les candidats nous questionnent de plus en plus sur l’enseignement de la RSE, un sujet sur lequel nous sommes bien placés dans les classements.»
7. Vérifier la portée internationale réelle
Toutes les écoles s’en targuent, la dimension internationale est l’un des nerfs de la guerre dans un MBA. Assurez-vous de la diversité des candidats de votre promotion, du nombre et de la durée des voyages d'études prévus et bien sûr que les cours sont dispensés en anglais. Ce critère «worldwide» a été prioritaire pour l'Américaine Trudy Lei, qui a choisi l’Insead parce qu’elle tenait à côtoyer des «gens ambitieux», de tous horizons professionnels et géographiques, avec un «focus sur des perspectives globales».
8. Simuler le gap salarial
«J’ai plus que doublé mon salaire», se félicite Alexandra Ailinca, trois ans après son MBA à l’IAE Paris. A la suite d’une première carrière de juriste en Roumanie, elle a rejoint le service international de Tractebel Engie pour gérer des appels d’offres internationaux. «Ayant toujours travaillé avec des ingénieurs dans le monde de la construction, j’avais une bonne perception des enjeux juridiques et techniques. J’ai pensé qu’un MBA me permettrait d’approfondir les enjeux business.»
Pari réussi : dès la fin de son cursus, en 2021, elle a été promue «contract manager» avant de devenir, un an plus tard, conseillère juridique internationale, en charge de l’éthique et de la «compliance» (conformité). Quoi qu’en disent les statistiques affichées par les écoles et reprises dans le classement du Financial Times, un tel bond salarial n’a rien de systématique. A l’issue d’un MBA à l’EM Lyon, par exemple, 59% ont eu une augmentation. Pas tous, donc.
9. Tester la solidarité des alumni
Pouvoir networker constitue l’un des atouts différenciants de ce type de diplôme. Au moment de choisir votre cursus, il faut donc se pencher sur l’importance et la diversité du réseau des anciens. Il y va de votre ascension professionnelle. Entre diplômés d’une même école, on n’hésite jamais à se recommander. Sur le sujet, les MBA les plus anciens et les plus internationaux sont avantagés. Ainsi l’Insead, créé en 1957, qui sort 1 000 diplômés par an, dispose d’un réseau de plus de 50 000 alumni actifs dans plus de 160 pays. Mais au-delà du nombre, assurez-vous surtout de la qualité et du dynamisme du réseau en échangeant avec vos pairs d’autres promos.
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