
L’apprentissage est-il en danger ? Après l’allégement du salaire des alternants début mars et la réduction des primes à l’embauche, les entreprises voient la facture s’alourdir de nouveau pour l’apprentissage. En effet, comme l’avait déjà évoqué Capital, dès ce 1er juillet, une participation supplémentaire leur est demandée. Résultat, l’apprentissage est de plus en plus désaimé. C’est le cas à l'EM Normandie, explique Franceinfo, où la nouvelle directrice a décidé de réduire la voilure. D’ici 2030, seuls 25% des étudiants de cette école de commerce pourront y prétendre contre 40% auparavant.
Selon elle, les derniers tours de vis ont rendu les entreprises «plus frileuses à prendre un apprenti». En effet, depuis le 1er juillet, les entreprises devront régler 750 euros pour embaucher un apprenti de niveau bac +3 et au-delà. En outre, le niveau de prise en charge des formations à distance est réduit. La fin d’un «quoi qu’il en coûte» pour le gouvernement qui espère économiser 400 à 500 millions d’euros, rappellent nos confrères. Moins d’offres, des entreprises «plus exigeantes»… les étudiants ont de plus en plus de difficultés à trouver un contrat en apprentissage.
-14% de contrats au mois de janvier
Cette tendance se confirme dans les chiffres, explique Franceinfo, puisque selon la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), en janvier dernier, le secteur a connu une baisse de 14% de nouveaux contrats. C’est le chiffre le plus bas depuis 2018. Le vice-président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), Eric Chevée, déplore une «perte de sens des priorités» et alerte : «Je dis que ce qui se passe est très dangereux.»
Selon Eric Chevée, «on a le chic en France pour casser ce qui marche». Si le vice-président de la CPME fustige ces coups de rabot successifs, c’est qu’entre 2018 et 2023, le nombre de nouveaux contrats en apprentissage a bondi, passant de 321 000 à 852 000. Emmanuel Macron avait même fixé l’objectif d’un million. Après un «refus ferme des gouvernements successifs de contrôler les dépenses liées à l'apprentissage», analyse l'économiste Bruno Coquet, c’est l’heure de la marche arrière.
16,5 milliards de dollars consacrés à l’apprentissage
L’apprentissage coûte-t-il trop cher ? En 2023, l’Etat consacrait environ 16,5 milliards de dollars à l’apprentissage et aux contrats de professionnalisation. «C'était, jusqu'à présent, ‘open bar’ pour les apprentis, les employeurs et les écoles», commente auprès de Franceinfo Bruno Coquet qui évoque «un début de retour à la raison». Si le gouvernement prend des mesures, c’est aussi parce que des structures fonctionnaient en bénéficiant exclusivement de ces aides et proposaient des formations non qualifiantes. Enfin, des économistes assurent que l’apprentissage a bénéficié surtout aux étudiants issus de l’enseignement supérieur. Quant à son efficacité, des chiffrages doivent encore être réalisés.



















