
«Tous mes collaborateurs recourent déjà à ChatGPT dans leur vie quotidienne. A quoi bon les former ?», s’interroge le dirigeant d’un cabinet de conseil. Éclairons tout de suite sa lanterne : parce qu’une utilisation dans un cadre professionnel est loin d’être aussi instinctive. Nicolas Leroy, chef de projet à la direction des services informatiques de Transdev, peut en témoigner. «Je me suis très vite intéressé à l’IA générative, mais sans aller jusqu’à l’intégrer à mon quotidien professionnel», raconte-t-il.
Il a fallu que l'opérateur de transports décide de former ses équipes pour que ce cadre prenne la mesure de ce que cette technologie pouvait lui apporter : «J’ai appris à prompter efficacement et découvert de nombreux cas d’usage. Par exemple, j’ai récemment demandé à Copilot (l'IA de Microsoft, NDLR) de compiler les milliers de lignes d’analyse financière de réponses à des appels d’offres. Cela me semblait titanesque. Cette synthèse m’a permis d’avoir une vision plus précise des différents marchés.»
6 formations à l'IA selon votre niveau de connaissances

Des formations pour s'initier à l'intelligence artificielle...
Les enjeux liés au développement du business ont beau être immenses, seules 10% des entreprises auraient à ce jour fait l’effort de sensibiliser leurs troupes à l’intelligence artificielle. Et le plus souvent en se contentant du service minimum, celui de l’acculturation. «Ce premier stade de formation donne accès à des sessions d’une ou deux heures, pour expliquer les grands principes de l’IA générative, détaille Philippe Lambert, directeur pédagogique de M2i Formation (groupe Skolae Formation). Il s’agit de faire comprendre que l’IA est un système probabiliste basé sur le fait qu’une phrase débutant par “Le soir, je vais chercher mes enfants à…” a toutes les chances de se poursuivre par “l’école”. Mais pas toujours : nous insistons donc beaucoup sur la nécessité de garder un esprit critique et de veiller à la confidentialité des données de l’entreprise.»
Heureusement, de plus en plus d’employeurs optent plutôt pour le deuxième stade de la formation, à visée professionnelle. «Les stagiaires repartent avec une méthode pour formuler efficacement leurs requêtes et différents cas d’usage liés à leur métier», détaille Carolina Gracia Moreno, manager d’offre et d’expertise en ingénierie pédagogique chez Cegos. Classiquement, le groupe spécialisé propose à ses entreprises clientes des modules d’un ou deux jours, destinés à certains métiers (RH, marketing, commercial, gestion de projet, etc.).
... et d'autres pour se perfectionner
Mais d’autres employeurs préfèrent une technique d’apprentissage différente, qui permet d’intégrer l’outil de formation directement au sein du système d’IA déployé dans la société. C’est le cas des solutions proposées par Mendo. «Nous accompagnons les utilisateurs dans leur découverte de l’IA, explique Quentin Amaudry, cofondateur de cette start-up. Ils peuvent s’entraîner à leur rythme, tester l’IA et ses différents cas d’usage en toute sécurité. L’objectif est de les amener à modifier leurs habitudes de travail.» Chez Transdev, Nicolas Leroy a fait l’expérience de cette méthode : «Je me rends compte aujourd’hui que, guidé par Mendo, l’IA a changé ma façon de travailler ; face à un dossier compliqué ou de gros volumes de données, je sais que Copilot pourra m’aider à réfléchir.»
Enfin, il existe un troisième stade de formation, censé permettre, à l’issue des sessions, de déployer des outils d’IA au sein de l’entreprise en respectant les règles de gouvernance et de conformité. Inutile de dire que ces modules sont plutôt réservés aux cadres dirigeants. «Ça ne fait pas rêver, admet Philippe Lambert, mais c’est indispensable. Nous voyons beaucoup trop de jeunes salariés utiliser ChatGPT ou Gemini sans le moindre esprit critique.»
Si vous n’avez pas encore pu bénéficier de telles formations, n’hésitez pas à solliciter votre employeur. «Quand elles se sont équipées d’ordinateurs ou de CRM, les entreprises ne se sont pas posé de questions, elles ont formé leurs collaborateurs, rappelle Quentin Amaudry. Mais l’IA est là, et ceux qui ne savent pas s'en servir feront moins bien leur travail.»
«Il est difficile de devenir un véritable spécialiste de l’IA»
Les salariés se rendent d’ailleurs compte que son usage professionnel n’est pas aussi simple qu’ils le pensent. «Automatiser la gestion de ses mails, par exemple, aide à gagner un temps fou, note Carolina Gracia Moreno. Mais cela s’apprend !» Tous les employés devraient donc être initiés à l’IA (premier stade de formation) et «de 10 à 15 % d’entre eux avoir expérimenté une dizaine de cas d’usage pour être en mesure de les utiliser dans leur activité professionnelle (deuxième stade de formation), estime Quentin Amaudry. Enfin, un petit groupe de leaders devrait être capable de rédiger des prompts plus complexes et de générer de nouveaux cas d’usage (troisième stade).»
Mais ne vous leurrez pas : «Il est difficile de devenir un véritable spécialiste de l’IA et d’en faire son métier sans être a minima développeur informatique», estime Philippe Lambert. Sur les quelque 80 formations à l’IA proposées par M2i, environ la moitié sont destinées aux utilisateurs, l’autre moitié aux développeurs et ingénieurs systèmes ou réseaux désireux de se spécialiser. «C’est une véritable transformation des métiers du code», commente Philippe Lambert. A terme, l’IA mettra sans doute le codage à la portée de tous. Mais en attendant, les développeurs informatiques ont, eux aussi, besoin de se former à l’IA. Chacun son tour !
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