
Le télétravail recule progressivement partout dans le monde, et la France ne fait pas exception. Après avoir atteint un pic de plus de deux jours par semaine en moyenne à la sortie de la crise du Covid-19, les salariés français ne télétravaillent désormais qu’environ 1,3 jour par semaine. Pour Nicolas Doze, éditorialiste économie sur LCI, trois facteurs expliquent ce mouvement de retour en entreprise. «Le premier élément que personne n’admet lors des négociations, mais beaucoup d’employeurs sont convaincus que c’est souvent plus de la télé que du travail», affirme-t-il en reprenant la formule d’un industriel francilien Laurent Vronski.
Selon lui, «c’est l’un des éléments explicatifs des pertes de compétitivité que l’on a observées depuis le Covid». Deuxième élément, le télétravail permet de «recréer du lien collectif, recréer de la créativité avec l’esprit d’équipe, l’émulsion de la machine à café». «A force de télétravail, vous finissez par faire travailler ensemble dans une entreprise des gens qui ne se connaissent plus», tacle Nicolas Doze.
«Ça a muté sans bruit en acquis social»
Enfin troisième facteur expliquant ce recul : «On a aujourd’hui des bureaux désertés le lundi, des bureaux désertés le vendredi, des pics de présence le mardi, des pics de présence le jeudi, avec une petite parenthèse le mercredi après-midi parce que c’est la journée des enfants», explique l’éditorialiste économie.
«Après le Covid, c’est un formidable levier d’attractivité pour les ressources humaines, et puis de manière étonnante, ça a muté sans bruit en acquis social. Le télétravail figure même dans les accords d’entreprise, ce qui fait qu’une entreprise ne peut pas totalement y renoncer à moins de se mettre sur le banc des recruteurs», analyse-t-il. Le télétravail reste donc «un sujet brûlant», souligne Nicolas Doze, chaque tentative de restriction suscitant tensions, voire des mouvements sociaux, comme la grève récente à la mutuelle des professionnels de santé en septembre.
Pour autant, selon lui, le télétravail ne risque pas de disparaître car «c’est un élément d’attractivité non négociable désormais pour les entreprises qui veulent recruter», soulignant également les économies réalisées par les employeurs sur les coûts immobiliers. Faut-il alors une loi pour harmoniser ces pratiques? «Pitié, non, pas ça», rétorque l’éditorialiste. «Ne cédons pas à l'idée de se demander ce que peut faire l'Etat. On va laisser chaque entreprise s'organiser selon ses réalités», insiste Nicolas Doze.


















