Ramener l’âge de départ à la retraite à 60 ans serait un pas risqué, selon Pierre Moscovici. Interrogé sur cette éventualité dans l’émission 60 minutes Fauvelle sur BFMTV, ce jeudi 23 octobre, le président de la Cour des comptes a estimé que ce retour serait «extraordinairement coûteux». «L’âge effectif de départ à la retraite est déjà à près de 63 ans. (…) Vous savez, la retraite à 60 ans, moi je ne l’ai pas critiquée. J’avais 23 ans en 1981, à l’époque, quand François Mitterrand a fait la retraite à 60 ans, l’espérance de vie était de dix ans inférieure à ce qu’elle est aujourd’hui», a-t-il rappelé.

L’ancien commissaire européen a également souligné les profondes évolutions démographiques depuis cette époque : «Pour un ouvrier, quand il partait à la retraite à 60 ans, il avait 5 ans d’espérance de vie. Heureusement aujourd’hui, ce n’est plus du tout la même chose.» Et de poursuivre :«L’espérance de vie est de près de 80 ans : plus pour les femmes, un tout petit peu moins pour les hommes. Elle est encore un peu plus faible pour les ouvriers, ce qui est d’ailleurs un problème, c’est la question de la pénibilité

«Notre système n’est pas soutenable»

Pour Pierre Moscovici, une telle réforme «n’est pas d’actualité». Et il en explique les raisons économiques : «Nous avons ce problème terrible, de dégradation du ratio entre les inactifs et les actifs, qui fait que notre système n’est pas soutenable», a-t-il insisté. «Nous avons déjà un déficit de 6,6 milliards d’euros du régime de retraites. Il va monter à 15 milliards en 2035 à condition que la réforme entre en vigueur», a-t-il ajouté.

Le gouvernement a acté, ce jeudi, la suspension de la réforme des retraites jusqu’au 1ᵉʳ janvier 2028, via une lettre rectificative intégrée au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026. L’âge légal de départ demeure fixé à 62 ans et 9 mois, et la durée de cotisation reste bloquée à 170 trimestres pour les personnes nées en 1964, les prochaines à pouvoir partir. Sans cette suspension, cette génération aurait dû travailler un trimestre supplémentaire.

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