Un retour en arrière qui devrait faire des heureux. Comme prévu, l’âge d’ouverture du droit à la retraite progressive va bien de nouveau être fixé à 60 ans. Alors qu’avec l’entrée en vigueur de la dernière réforme des retraites, la borne d’âge requise pour profiter de ce dispositif devait progressivement augmenter d’un trimestre par an pour atteindre 62 ans pour la génération 1968 et les suivantes, il sera donc possible d’en bénéficier dès 60 ans à partir du 1er septembre 2025.

Si cette condition évolue donc favorablement, les autres critères, eux, ne changent pas. «Il faut toujours avoir validé 150 trimestres au minimum à 60 ans et obtenir l’accord de son employeur, qui doit, le cas échéant, justifier son refus», précise Marilyn Vilardebo, présidente et fondatrice d’Origami&Co, cabinet d’audit et de conseil retraite pour les chefs d’entreprise, libéraux, artisans-commerçants et cadres du privé. Si ces éléments sont réunis, le travailleur - du privé, indépendant, d’un régime spécial, de la fonction publique d’Etat, salarié ou non-salarié agricole, profession libérale, avocat, agent des collectivités locales et aux ouvriers des établissements industriels de l'Etat - peut donc prétendre à la retraite progressive. C’est-à-dire passer en temps partiel (de 40% à 80% de sa durée de travail actuelle) et percevoir une partie de sa pension. Le tout, en continuant de cotiser pour sa future retraite et, donc, en se constituant de nouveaux droits.

Aucune conséquence ou presque sur le montant de la retraite…

Si vous cochez ces cases, une question se pose, ou plutôt plusieurs. Avez-vous intérêt à activer cet aménagement du temps de travail sur votre fin de carrière ? Allez-vous perdre gros sur le montant de votre pension de retraite ? Sur vos revenus entre le début de votre retraite progressive et la liquidation définitive de votre pension ? «Que ce soit avec le système actuel, soit deux ans de retraite progressive, ou en étant en retraite progressive de 60 ans à 64 ans, il n’y a quasiment aucun impact sur le montant de la pension de retraite, qui baisse de seulement quelques dizaines d’euros», assure Marilyn Vilardebo.

Et en effet, les simulations réalisées par Origami&Co pour Capital prouvent que le montant de la pension n’est quasiment pas impacté par un passage en retraite progressive. Par exemple, un salarié qui touche 1 800 euros brut par mois et liquide sa retraite à 64 ans avec 43 annuités (172 trimestres) - et donc le taux plein - touchera une pension totale (au régime général + Agirc-Arrco) de 1 240 euros brut par mois. Avec une retraite progressive entre ses 60 et 64 ans, sa pension sera de 1 224 euros brut. Soit une perte de seulement 16 euros par mois. Et l’écart est à peine supérieur pour un salarié avec une rémunération mensuelle de 3 300 euros brut : avec un départ à la retraite à 64 ans, il touchera une pension brute de 2 067 euros, contre 2 041 euros après sa retraite progressive, et toujours pour un départ à 64 ans. Un écart de 26 euros qui équivaut à 1,2% seulement du montant de sa pension. Pour un salarié rémunéré 10 000 euros brut par mois, sans retraite progressive, sa pension au moment de la liquidation à 64 ans sera de 5 870 euros, tandis qu’elle baissera à 5 628 euros après quatre années passées en retraite progressive, de 60 à 64 ans. Un manque à gagner minime de 242 euros par mois.

… mais attention à la perte de revenus pendant la retraite progressive

Avec la retraite progressive, pas de risque donc de voir votre pension chuter par rapport à ce qu’elle aurait dû être sans profiter de ce dispositif. Car n’oubliez pas que durant la phase de temps partiel correspondant à la retraite progressive, vous continuez de cotiser pour la retraite. Travailler moins pour gagner autant ou presque, en somme ! Un constat vrai pour le montant de la pension, mais beaucoup moins en ce qui concerne les revenus perçus pendant le temps partiel.

Revenons à notre exemple d’un salarié rémunéré 10 000 euros brut : «Avec un temps partiel de 50%, il va gagner 5 000 euros brut pendant la phase de retraite progressive et toucher en parallèle 50% de sa retraite (5 628 euros)», détaille Marilyn Vilardebo. Pour un total de 7 814 euros brut. Soit près de 2 200 euros brut de moins chaque mois. Avec un salaire de 3 300 euros brut, un travailleur ne touchera plus que 2 670 euros au total (50% x 3 300 + 50% x 2 041), quand un salarié payé 1 800 euros brut par mois ne percevra que 1 512 euros brut (50% x 1 800 + 50% x 1 224). Un fossé de 288 euros brut par mois tout sauf indolore à ce niveau de revenus. Pour ne pas avoir de mauvaise surprise, pensez donc à peser le pour et le contre avant de demander à profiter de la retraite progressive, le cas échéant en sollicitant les services d’un expert retraite.

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