
Au quotidien, nous prenons soin de nos véhicules, qui nous le rendent bien. Bardées de capteurs, de caméras et de radars, les voitures s’emploient en effet à nous protéger toujours plus. Voire même un peu trop. Pour améliorer la sécurité des automobilistes sur la route, et sous la contrainte de la réglementation européenne, les constructeurs n’ont en effet d’autre choix que de multiplier, sur leurs véhicules neufs, des systèmes d’aides à la conduite (Adas) toujours plus perfectionnés. Si vous achetez un de ces modèles, vous n’échapperez donc pas à la longue liste d’équipements technologiques obligatoires de série : aide au maintien dans la voie, alerte de dépassement de vitesse ou d’inattention du conducteur, antipatinage, lecture des panneaux de signalisation, surveillance d'angle mort, etc. Des technologies difficiles à apprivoiser pour certains, d’autant plus qu’elles s’accompagnent d’alarmes visuelles, de bip-bip, et de vibrations. L’enfer ! Si les conducteurs reconnaissent l’utilité potentielle de ces assistances électroniques, ils dénoncent aussi leur omniprésence et leur complexité.
Ces aides à la conduite censées éviter le pire créent aussi le danger
Comme Eric, pour qui «trop d'alarmes tuent les alarmes», insiste-t-il auprès de Capital. Propriétaire d’un Peugeot 5008 de 2025, il confirme que «ça sonne tout le temps : la porte, la fenêtre, la lumière, le parking, le frein, les phares, les clignotants, les ceintures avant-arrière, le coffre…Et je ne parle même pas des panneaux de vitesse qui changent tous les 500 mètres pour passer de 80 km/h à 70km/h parce qu'il y a une courbe… À tous ces bips doivent aussi s’ajouter les lumières au tableau de bord...C'est Noël tous les jours !»
«Je les ai supprimés à deux reprises», explique de son côté Jo à Capital, encore marqué par ses frayeurs survenues sur l’autoroute. «À la suite de coups de frein très brutaux parce que des véhicules s’étaient rabattus à dix mètres devant moi.» Pour lui, le verdict est clair, ces systèmes censés éviter le pire peuvent aussi créer le danger. Mais le freinage intempestif n’est pas la seule exaspération de nos lecteurs.
Céline livre le témoignage le plus détaillé, et le plus alarmant. Conductrice chevronnée avec 40 000 km par an au compteur, elle nous dit désapprouver totalement toutes ces aides à la conduite forcées sur son véhicule et dénonce une «fatigue mentale». «Lorsque je conduis, je sursaute à chaque fois que le bip puissant retentit juste pour me dire : soyez vigilant ! Je n'arrive même pas à définir pour quelle raison celui-ci se déclenche», confie-t-elle. Au-delà de cette angoisse et de ce stress permanent, son attention au volant s'affaiblit lorsqu’elle cherche à savoir ce qu’elle a bien pu faire pour sonner. «C’est plus dangereux qu'efficace !».
Céline décrit aussi sa lutte contre le volant, provoquée par l'aide au suivi de la trajectoire. «C'est un outil que je désactive en permanence car en montagne, le système crée une tension à chaque virage où je me rapproche des lignes. Je ne suis pas censée mettre les clignotants dans les virages (geste qui désactive automatiquement la fonction, NDLR) ! Il faut forcer pour contrer le volant, c’est épuisant et dangereux.» La conduite dans les régions montagneuses n'est pas très compatible avec ce genre de limitation, affirme-t-elle. Quant au régulateur adaptatif, c’est pire que tout dit-elle, car il est impossible à déconnecter rapidement. «Il passe donc son temps à ralentir seul à l'approche d'un véhicule. Résultat : il change mon analyse de ma capacité à déboiter avant l'arrivée d'un autre véhicule sur la file de gauche car mon allure a baissé, sans que je ne me rende compte.»
Au-delà de leur cas personnel, ces conducteurs pensent aussi aux personnes âgées. «Ils n’ont pas appris à conduire avec ces technologies, ils paniquent quand la voiture freine seule, sonne de partout ou que le volant résiste». Alors tous plaident pour une approche technologique plus souple, avec des outils disponibles, certes, mais activables à la demande, et non pas imposés.
À force de vouloir assister les conducteurs, les voitures ne sont-elles pas en train de les désapprendre à conduire ?
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